Le couple oral-écrit : des rapports difficiles (Freesette)
La comparaison oral-écrit a été conçue dès l'origine de l'école comme largement favorable à l'écrit. Difficultés de la didactique de l'oral pour se faire une place auprès de la didactique de l'écrit qui a occupé la majorité des chercheurs, les dernières décennies.
Eveil dans les années 1970-75 grâce au plan Rouchette, aux mouvements pédagogiques (le mouvement Freinet, le groupe français d'éducation nouvelle) et aux recherches du groupe HESO de Nina Catach qui montre l'importance prédominante des relations phonies-graphies dans l'orthographe française. On pose la question de l'articulation oral/écrit. Dans les années 80, ce thème n'est plus vraiment traité. Réapparition dans les années 1990 et en 1998, un autre numéro de Repères salue le renouveau de la problématique de l'oral dans le champ de la didactique du français.
Lécrit et l'oral en complémentarité : des dispositifs
Partition pratique : oral vers écrit ou écrit vers oral. Dans le premier, l'oral interactionnel permet un retour réflexif sur l'écrit. Dans l'autre cas, c'est l'écrit qui structure et réorganise l'oral.
La question de fond reste : en quoi la régulation de l'oral par l'écrit et inversement constitue-t-elle une aide pour l'apprentissage ?
L'oral autour de l'écrit à produire
Exemples oral soutenant et permettant l'écrit : la dictée négociée et les textes lacunaires.
- Dictée négociée : après une dictée habituelle, on propose aux enfants regroupés par deux ou trois de ne rendre qu'une seule dictée, négociée à partir de leurs 3 dictées. Les élèves se trouvent de façon naturelle dans l'obligation de justifier leurs choix en cas de désaccord et d'argumenter leurs propositions, de mutualiser leurs connaissances et d'expliciter leur stratégie. Vraie situation d'apprentissage qui met en jeu une activité réflexive de la langue : observer, comparer les versions, analyser des fonctionnements... L'oral devient le lieu d'écoute et d'observation des activités métalinguistiques à propos de la langue écrite en même temps qu'un espace de résolution.
- Texte lacunaire : Précédant, accompagnant ou suivant la production d'écrit, l'oral peut aussi en révéler la genèse ou les révisions. Le 2d jet d'un écrit par groupes de 2 ou 3 peut aussi passer par des négociations orales, donnant à entendre les activités d'ajout, de suppression, de déplacement, ainsi que des interventions sur l'orthographe.
Ces deux dispositifs témoignent de l'importance de l'oral dans les interactions comme vecteur des apprentissages.
L'écrit support de l'oral
Insertion dans le dispositif d'un écrit sans lequel l'oral serait moins opératoire. Scénario plus rare. On le retrouve dans : l'exposé oral soutenu par un écrit en cycle 3 et la dictée au maître en cycle 1. La fonction de l'écrit est alors de fixer l'oral. Il existe des dispositifs où l'écrit non content de fixer l'oral, le structure, l'organise et le construit.
- le texte puzzle : 2 histoires sont mélangées. En groupes de 2-3, les enfants doivent séparer les deux textes, souligner les indices qui leur ont permis de le faire et produire une affiche les mettant au propre. Interactions entre petits groupes pour arriver à une affiche finale. Bien réalisée (affiche scindée en deux parties, liste des différences entre les textes en les classant selon le texte...), la liste se révèle un outil de formalisation fort. L'écrit objective dans ce cas-là les remarques orales et les classe. Reflet d'une activité logique de classification, il démontre et matérialise en même temps l'avancée du raisonnement.
- la restitution de récit : pour des élèves de CE1, il s'agit de capter une histoire lue par la maîtresse et de la restituer. Pour ce faire : séquence longue et progressive autour de 9 récits, de difficulté croissante. Chaque récit occupe deux séances de 30 mn chacune. Alternance de phases écrites / orales.
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Ce dispositif est bâti sur :
- la récurrence : la 2ème séance reprend les éléments de la 1ère, ce qui permet aux enfants une meilleure compréhension de l'activité.
- l'alternance écrit-oral : optimise les performances langagières des élèves et confitionne la qualité de la restitution.
Le point fort du dispositif est venu du fait que ce sont les élèves qui ont demandé à noter des mots sur des feuilles parce qu'ils n'arrivaient pas à tout retenir de la lecture magistrale. Ils ont donc découvert la fonction mnémonique de l'écrit. Ce qui signifie qu'ils avaient une idée claire de la tâche à atteindre et une représentation de ce qu'il fallait faire pour l'obtenir. Ils ont conçu l'écrit comme l'outil nécessaire à fixer et à soutenir l'oral.