La description du lexique (Freesette)

De CRPE
Révision de 11 octobre 2006 à 14:21 par Freesette (discussion | contributions) ('''Perspective synchronique''')

Décalage important entre la compétence passive (les mots que l'on comprend) et la compétence active (les mots que l'on sait utiliser).

Lexique et vocabulaire sont utilisés avec des valeurs différentes en linguistique. Le lexique comprend l'ensemble des mots au moyen desquels les membres d'une communauté linguistique communiquent entre eux. Le vocabulaire désigne un domaine du lexique qui se prête à un inventaire et à une description. Le lexique est donc divisible en strates diversifiées selon la fréquence et les domaines d'expérience.


Perspective diachronique

Les mots dont nous nous servons sont apparus pour la plupart, il y a bien longtemps. L'étymologie fournit des éléments précieux sur l'origine et l'évolution des formes. On peut classer les informations qu'apportent les recherches historiques en trois rubriques :

  • les aspects chronologiques : permettent d'indiquer à quel moment une forme est apparue tout du moins dans un texte écrit.
  • les changements de formes phonétiques : elles aident à suivre l'évolution, les transformations que subissent les formes. Ce travail se fait sur des séries de mots qui permettent de mettre à jour des lois phonétiques régulières.
  • les changements lexicaux : l'évolution du sens (perte d'une unité lexicale, ajout...) reflète aussi des évolutions dans la société. Le domaine technique est celui qui connaît les plus profonds bouleversements avec un renouvellement rapide des termes.

Pour les mots latins, on distingue l'évolution populaire et l'évolution savante. La première suit le cours de l'histoire et se traduit généralement par une usure, une érosion du mot. La formation savante résulte d'un emprunt tardif (après le VIème s.) au latin classique. Il n'y a donc pas de modifications importantes par rapport au latin. Les sciences continuent ce type d'emprunt.

Perspective synchronique

Un certain nombres de notions existent pour décrire le lexique. 2 grands axes descriptifs possibles :

  • la fabrication des mots (c'est de la morphologie lexicale)
  • le sens des unités (c'est de la sémantique)

La morphologie lexicale

On parle de morphologie lexicale pour spécifier sur quels éléments vont porter les règles de construction. Le premier souci est de définir les unités de travail. A priori le mot est l'unité de base idéale, mais il n'est pas si simple à identifier.

La dérivation

Les linguistes travaillent avec une unité mieux cernée, le morphème (unité minimale de signification). "Jardin" = un morphème / "Jardinier" = 2.

  • Comment identifier les morphèmes ? : on procède par commutation. On cherche à repérer le plus petit segment porteur de signification et l'élément invariant. Media: Ex. de commutation.jpg. L'absence du "e" final peut poser question. Il aura tendance à disparaître quand on décrira un morphème qui entre dans la composition d'une unité plus vaste.
  • Termes et notions utilisées pour rendre compte de la fabrication des unités : si on reprend l'ex. de "jardinier". On parle de morphème libre pour jardin- (qui possède une existence autonome) et de morphème lié pour -ier (qui n'apparaît jamais à l'état isolé et a donc besoin de s'accrocher à un autre élément). Cette terminologie est générale. Elle peut être affinée quand on utilise les notions de base et d'affixes dérivationnels. Toute unité peut être présenté ainsi (entre parenthèses, élément facultatif) :
   (préfixe) affixe additionnel + base + (suffixe) affixe dérivationnel

On peut rencontrer : une base à l'état brut (dur), une base + un suffixe (durable), un préfixe + une base (bimensuel), un préfixe + une base + un suffixe (alunissage).

  • La base est le support où vont se greffer les morphèmes dérivationnels. Terme plus intéressant que la racine ou le radical. Possibilité de plus d'analogies avec d'autres mots. Ex : blanchisseur. Le radical est "blanc". Aucune analogie possible (pas de commutation). Si on prend la base "blanchiss" + suffixe (-eur), on peut faire des analogies avec "coureur". Dans les deux cas, "-eur" signifie "celui qui fait ce qu'indique la base.
  • Le terme d'affixe dérivationnel sert à désigner aussi bien les préfixes que les suffixes. Les préfixes se placent devant la base et ne modifient en général pas la catégorie de la base. Les suffixes se placent derrière la base. Ces sont des catégoriseurs grammaticaux, c'est-à-dire qu'ils indiquent la catégorie de l'unité et cela sans tenir compte de celle de la base. De nombreux suffixes provoquent un changement de catégories : Media: Exemples suffixes.jpg. On étiquette les suffixes selon la catégorie qu'ils permettent d'obtenir. Les suffixes nominaux servent à fabriquer des noms et les suffixes verbaux, des verbes.
  • Distinction entre flexion et dérivation : le premier se rattache à la morphologie flexionnelle (concerne donc la grammaire) ; le second à la morphologie dérivationnelle (donc traité dans la partie sur le lexique). On parle de flexions, dans "nous chantons", "chiens". Il s'agit de marques grammaticales dont les unités appartiennent à un inventaire très réduit. Les éléments fabriqués ne sont pas placés dans un dictionnaire. On peut discuter le statut de la marque "er" de l'infinitif, tantôt considérée comme un suffixe, tantôt comme une marque de flexion.
  • Quand une unité est formée par l'ajout simultanée d'un préfixe et d'un suffixe, on parle de parasynthétique comme dans "appauvri". Cas où on ne peut pas faire autrement. A partir de la base "pauvr-", on ne peut pas seulement mettre un préfixe ou un suffixe.
  • Dérivation impropre (ou de conversion) : désigne un changement de classe grammaticale. En français, on peut assez facilement fabriquer un nom en mettant un déterminant devant des éléments très variés : le vrai, le savoir, des on-dit...

La composition

A côté de la dérivation, il existe un autre procédé qui intervient dans la fabrication des unités du lexique : la composition. Ce procédé fait intervenir plusieurs bases (en général 2) et parfois des éléments de liaison comme dans "rouge-gorge". La nouvelle forme peut se présenter différemment graphiquement : Soit les différents éléments restent séparés (chemin de fer), soit ils sont reliés par un trait d'union (arc-en-ciel), soit ils sont soudés (bonhomme). 2 grands types de composition se distinguent :

  • La composition savante :

La description sémantique