Apprendre à lire (Freesette)

De CRPE

Des méthodes

Les méthodes syllabiques

Ou synthétiques ou associationnistes. Ce sont celles qui correspondent au modèle de "bas en haut". Fondée sur le déchiffrage et la reconstruction par syllabes, cette méthode propose un apprentissage orienté de l'oral vers l'écrit, du simple vers le complexe.
Cette technique est rejetée pour diverses raisons : elle identifie lire à déchiffrer, mais surtout elle ne prépare pas à l'acquisition de l'orthographe car elle exploite des mots où toutes les lettres se prononcent. En outre, cette technique n'oriente pas l'activité du simple vers le complexe : l'abstraction que suppose l'acquisition du rapport lettre-son est une opération particulièrement complexe pour l'enfant qui apprend à lire. Il est plus simple pour lui de retenir globalement une forme. Contextualiser renforce le bon apprentissage.

La méthode globale

Ou analytique. Opposition à la méthode syllabique. L'apprentissage est orienté de l'écrit vers l'oral. Analyse de l'écrit en unités successives de plus en plus réduites : la phrase puis le mot puis la lettre. Pendant plusieurs mois, l'enfant fonctionne avec 400 mots lus par reconnaissance globale. Le déchiffrage du texte s'effectue mot à mot et sa mise en mémoire clôt l'activité.

La méthode mixte

Ou méthode syllabique à démarrage global. Apparaît dans les années 60. Elle fait alterner analyse et synthèse. Va et vient entre démontage / remontage de la phrase ou d'un court texte. La phase d'analyse "descend" d'unités en unités (phrase/mots/syllabes/lettres et sons) et la phase de synthèse propose de "remonter" les unités par association (lettres et sons / syllabes / mots nouveaux / phrase). Il n'y a pas de construction active du sens mais le sens précède l'acte de lecture puisque tous les élèves observent une même illustration et analysent une même phrase liée à celle-ci.

Les méthodes actives

Dans les années 80, en liaison avec les travaux de Freinet (années 30) et des réflexions plus récentes sont apparues les méthodes actives. Souvent élaborées en rupture avec l'usage du manuel, à partir de "vrais" textes, abordés en classe en fonction de l'intérêt que présente leur contenu.
Les élèves sont placés dans des situations-problèmes qu'ils doivent essayer de résoudre en construisant eux-mêmes les outils pour cela. Logique constructiviste. Le questionnement de textes est une activité centrale dans cette perspective. Cette logique implique qu'il n'y a plus de progression systématique, mais plutôt une programmation des difficultés. La capacité à oraliser un texte et à devenir autonome en manipulant la combinatoire est en général plus tardive que dans les méthodes mixtes. Le gain est attendu dans les représentations que les élèves se font de la lecture : une activité sociale et culturelle plutôt qu'une opération technique et scolaire. Il est aussi attendu dans l'accès plus efficace à l'autonomie : ils apprennent dès le début à construire des stratégies de lecteur.

Les programmes publiés en 2002 sont parfois perçus comme un retour aux vertus des méthodes centrées sur l'acquisition du code. Renforcement en 2006 : Media:Apprendre à lire - Modification programmes - 2006.pdf.

Les pratiques réelles sont souvent hétérogènes car elles s'adaptent. Connaître les méthodes ne donne pas la connaissance des pratiques réelles mais permet de comprendre les raisons et les choix opérés dans l'élaboration des outils.

Des manuels

Pour structurer l'analyse de manuels, il est efficace de repartir d'un repère central : les manuels en service se rattachent plus ou moins à la méthode mixte et c'est ce que l'on doit plus ou moins cerner.

La voie moyenne est celle des manuels tels que "Gafi, Ratus" ou "Lire au CP" qui présentent un compromis entre les deux approches.

Critères possibles de l'analyse

  • la place faite au sens
  • les entrées phoniques ou graphique dans la combinatoire
  • la présence de textes (fabriqués, vrais, littéraires ou non...)
  • le rôle des images
  • l'activité des élèves

Elle devra auparavant identifier la nature du document

En fonction de cette typologie sommaire qui suit la chronologie des propositions faites par les éditeurs :

  • des manuels archaïques liés à la méthode syllabique ou aux premières méthodes mixtes : la méthode Boscher des années 30 ou les méthodes des années 60 avec "Daniel et Valérie" ou "Rémi et Colette". Documents "historiques" qui permettent de souligner les fondements théoriques de ces méthodes et leurs limites.
  • des manuels utilisés, représentatifs d'une adaptation de la méthode mixte :

- ceux qui accordent la priorité au travail sur les sons (à entrée phonologique : la logique est "j'entends ce son", "comment je le transcris ?") comme "Chantepage" ou "Lire au CP".
- ceux qui proposent un travail préalable sur la lettre (à entrée graphique : la logique est "je vois cette lettre", "comment je la prononce ?") comme "Gafi" ou "Ratus".
Mais cette distinction est souvent artifielle. La présence de tableaux avec des références à la phonétique (API ou critères comme "j'entends / je vois") peut servir d'indicateur. Le commentaire du concourant devra souligner la cohérence de la proposition, les nuances d'approche de la combinatoire (entrée à dominante phonique ou graphique) et souligner la nécessité de compléter la démarche proposée par de véritables lectures (albums, livres, écrits de la vie courante...).

  • des manuels ou des ensembles didactiques actuellement utilisés, s'inspirant des méthodes actives. Il n'y aura pas de références importantes à la combinatoire. Présentation d'images, de textes, mais pas de tableaux, d'exercices, de présentations de syllabes ou de lettres. On distinguera : des manuels qui proposent des textes ou des "histoires" / des ensembles didactiques élaborés à partir d'albums complétés par des outils pour aborder la combinatoire.