La romanisation de la Gaule (Freesette)

De CRPE

Sources

  • Conquête écrite en détail par Jules César dans le Commentaire de la Guerre des Gaules. Récit continu, étalé sur 8 années.
  • Sur la Gaule : Strabon notamment ("géographe").


Chronologie

  • -58/-51 : la guerre des Gaules
  • -52 : bataille d'Alésia. Reddition de Vercingétorix.
  • -51 : prise d'Uxellodunum chez les Cadourques. La Gaule indépendante n'existe plus. Elle devient province romaine.
  • -44 : assassinat de Jules César
  • -27 /14: Auguste, 1er empereur romain : [1]
  • 41-54 : Empereur Claude : [2]
  • 69-79 : Empereur Vespasien : [3]
  • 253 : pillage du Nord de la Gaule par les Francs et Alamans
  • 256 / 259-260 : idem
  • 260-268 : un général gaulois est nommé Empereur des Gaules
  • 274 : la Gaule réintègre l'Empire
  • 406 : les peuples germaniques franchissent le Rhin. Fin de la Gaule romaine.
  • 476 : disparition de l'Empire romain d'Occident.


  • Chronologie de l'Empire romain : [4]
  • Division Empire romain : [5]
  • Empire romain d'occident : [6]
  • Empire romain d'orient : [7]
  • Chronologie des Empereurs romains : [8]
  • Chronologie de La Gaule : [9]


La conquête

Avant la conquête : des relations commerciales intenses

  • Rapidement Marseille devient la place commerciale essentielle de la Gaule du sud. La cité fonde elle-même des comptoirs à Hyères, Nice, Arles, Agde qui ont été des relais entre le monde greco-romain et le monde occidental.
  • Dès le IIIème s. avant J.C., certains peuples se mettent à battre monnaie d'or à l'imitation de celle de Philippe II de Macédoine.
  • Vers -120, les Eduens, Séquanes et Helvètes adoptent le monnayage d'argent = intégration économique poussée au monde gréco-romain. Le denier gaulois est aligné sur la drachme de Marseille et le demi-denier romain pour faciliter les échanges. On a vu précédemment dans la fiche sur les Celtes combien les échanges étaient importants.
  • L'intégration du sud depuis -125 (Gaule transalpine) : Cf. le déroulement ci-dessous.


La Gaule avant la conquête (vers 60 av. J.C.) Fichier:Gaule-60avJV.jpg

In. Atlas Historique de G. Duby


Vers la conquête

  • Dès la fin du IIIème s. avant J.C. avec l'installation de Rome dans la péninsule ibérique, la Gaule du Sud a pris une dimension nouvelle en devenant un axe de circulation essentiel. Il faut assurer la sécurité des communications avec l'Espagne : Marseille appelle à l'aide Rome en -154 afin de défendre ses colonies (Nice et Anibes) attaquées par les Ligures. En -125, nouvelle attaque combinée Ligures-Celtes. Rome intervient et s'installe définitivement dans le Midi méditerranéen, la Provence et le Languedoc qui devient province romaine : La Gaule Transalpine. Romanisation engagée. Une voie romaine (Via Domitia) relie toutes ces régions jusqu'en Espagne.
  • Certains peuples celtes choisissent de se rallier aux Romains tels les Eduens en -125. Ce peuple était déjà proche de ceux de la Gaule transalpine.
  • César devient gouverneur de la Gaule transalpine en -58 et se pose aussi en protecteur des peuples alliés. Les Eduens demandent son aide suite à l'invasion des Helvètes (sous la pression d'un peuple germain appelé les Suèves d'Arioviste) qui souhaitaient s'installer chez les Santons et traverser donc le territoire des Eduens. Helvètes et Suèves sont repoussés par César. A partir de là, César laisse des troupes en Gaule ce qui provoque un cycle de révoltes réprimées.
  • En -52 éclate une révolte quasi générale sous la direction de Vercingétorix. Les Eduens abandonnent César, mais Vercingétorix est défait à Alésia. Fait prisonnier, il est conduit à Rome. La Gaule transalpine n'avait pour sa part pas bougé. Cf. Le dossier Vercingétorix par Christian Goudineau.
  • A partir de -51 (prise d'Uxellodunum chez les Cadourques), la Gaule dite chevelue est définitivement conquise.


La Romanisation de la Gaule

La Romanisation a été un processus lent et progressif, plutôt pacifique jusqu'au IIIème s.. L'Empire a assuré une certaine stabilité des frontières favorisant ainsi la paix et le développement économique. Avec cette prospérité et cette paix, les Gaulois sont devenus, au fil des siècles, de paisibles Gallo-romains pour la majeure partie.

Trois Empereurs majeurs

Trois empereurs ont été à l'origine de ce bouleversement majeur : Auguste, Claude et Vespasien :

  • Auguste a été le grand organisateur des Gaules, le pacificateur des esprits. Beaucoup de choses se réalisèrent dans les domaines administratif, urbain, militaire sous son règne. Pourtant à la mort de l'empereur en 14, la langue couramment parlée reste le celte, la religion populaire est toujours la religion gauloise, les monnaies gauloises continuent de circuler.
  • Claude (né à Lyon) va poursuivre le travail d'Auguste dans 3 domaines : la protection des frontières, l'économie et le statut des habitants. Ci-dessous sont abordés le cas des deux Germanies pour renforcer la frontière au Nord-Est et le statut des habitants en Gaule. Sur le plan économique, Claude va organiser les voies de passage vers l'Italie du Nord (routes carrossables), de nouveaux axes dans la Gaule du Nord favorisant ainsi l'essor des campagnes (villas), des ports de pêche... etc. Avec la conquête de la Bretagne (Angleterre actuelle) et l'utilisation de troupes composées de Gaulois du Nord, un pas de plus est fait vers la Romanisation des peuples gaulois.
  • Vespasien et ses successeurs Titus & Domitien (les Flaviens jusqu'en 96) entreprennent une oeuvre décisive : la création du limes rhénan assurant ainsi la protection de la Gaule pour quelque temps.


Eléments importants d'intégration à l'Empire

L'organisation administrative et la citoyenneté romaine

Cette organisation a permis des relations plus équitables et plus humaines avec les autorités occupantes. Condition nécessaire à la pacification des esprits.

2 ensembles se mettent en place au sein de l'Empire :

  • Les Trois Gaules (La Gaule chevelue des 60 cités) divisée en 3 provinces : l'Aquitaine (pays entre les Pyrénées et la Loire), la Lyonnaise (régions entre la Loire et la Seine), la Belgique (jusqu'au Rhin initialement). Chacune est gouvernée par des légats de l'empereur. Elles sont rassemblées autour d'une même capitale fédérale : Lyon (Lugdunum). Plus tard, en 90, deux provinces de Germanie sont créées (anciennement parties de la Belgique). Elles sont issues d'une politique de plus en plus fine (surtout sous Claude) de protection des frontières, surtout dans cette région (protectorat proposé aux tribus germaniques, mise en place de nombreuses légions sur cette frontière, création de colonies romaines comme Trèves ou Cologne...).
  • La Gaule transalpine bien pacifiée, qui devient la Narbonnaise, une province sénatoriale (= sous le contrôle du Sénat) avec un proconsul à sa tête résidant à Narbonne.

Pour favoriser les relations entre les provinciaux et le pouvoir central, il existe des corps intermédiaires plus proches de ceux-ci : création ou développement de Chefs-lieux au coeur des 60 peuples ou cités des Trois Gaules. Ce sont les gouverneurs romains des provinces qui les contrôlent, mais les "cités" sont dirigées par des magistrats et ont des institutions municipales calquées sur le modèle romain (conseil ou curie) qui siègent dans les chefs-lieux. Ces chefs-lieux peuvent être des anciennes "oppida", mais progressivement, elles vont être abandonnées au profit de nouvelles villes installées dans la plaine et donc plus ouvertes aux échanges.

Le statut juridique des Gaulois varie fortement. En Narbonnaise, de nombreuses villes sont des colonies de citoyens romains. A côté, des cités gauloises sont partiellement ou complètement romanisées. Depuis 14, tous les citoyens romains peuvent accéder aux magistratures et donc au Sénat à Rome. Les autres jouissent du droit latin. Il en va différemment dans les Trois Gaules : beaucoup moins de villes, moins de constructions. Lyon mise à part, très peu de vestiges archéologiques datent du Ier s. La plus grande différence réside dans le statut des habitants. A l'exception de 3 colonies romaines (dont Lyon), les vieilles divisions celtiques subsistent avec leurs vergobrets encore jusqu'au règne de Claude. Dans ces communautés gauloises, les citoyens romains eux-mêmes n'ont qu'un droit de cité diminué (pas d'accès aux magistratures, ni Sénat). C'est l'empereur Claude qui change peu à peu les choses : il offre le droit de cité aux Gaulois déjà citoyens romains (accès magistrature, Sénat...). Il faut attendre l'édit de Caracalla en 212 pour que tous les habitants de l'Empire et donc de la Gaule deviennent des citoyens romains .

  • Article sur Wikipédia a.s. de la citoyenneté romaine : [10]

Le processus d'urbanisation et le développement routier

Le processus de romanisation a été avant tout un processus d'urbanisation. Pays jusque-là rural, la Gaule devient aussi un pays de civilisation urbaine et cela a été un puissant facteur de romanisation.

Sous Auguste, la Gaule est un véritable chantier : des anciennes oppidum transformées en véritable villes ou de nouvelles villes dont les fondations adoptent un plan géométrique à partir de deux axes principaux (le cardo et le decumanus). Au croisement de ces deux axes se situent généralement le forum, une place publique entourée de temples, thermes, arc de triomphe, tours ou mausolées. Les villes se couvrent en effet de monuments publics : temples, cirques, théâtre, amphithéâtre, thermes, aqueduc... La romanisation des modes de vie et la mise en place d'une nouvelle sociabilité urbaine (organisation autour du forum) se font jour. Les familles d'origines gauloises et Romains se mêlent. Citoyens riches et puissants, ils tirent leurs richesses de leurs villas ou font fortune dans le négoce ou l'exploitation des mines. Les notables s'intègrent peu à peu au jeu politique romain en accédant à la citoyenneté. Ceci vaut surtout pour la Gaule transalpine et de régions comme celle de Lyon. Pour le reste de la Gaule, il faudra attendre le IIème s. avec les largesses de Trajan grâce à l'or des Daces.


Un important réseau routier se met en place. Lyon, fondée en -43, devient la capitale des Trois Gaules en -12. Chaque année, les représentants de toutes les cités y célèbrent le culte impérial (à Auguste), le 1er août (= jour anniversaire victoire sur Antoine et Cléopâtre).


Il faut pourtant le rappeler, l'essentiel de la population gauloise vit dans les campagnes. Rome y introduit d'ailleurs un nouveau mode de production fondé sur de grandes villas (villae). A côté de la villa s'est maintenu le vicus ou bourgade rurale avec un certain nombre d'éléments urbains : forum, thermes, temples... Témoignages de la densité de population. Malgré cette présence, les Gaulois continuent à y parler leur langue (jusqu'au Vème s. environ) et à rendre un culte à leurs dieux. Une osmose s'opère avec les Dieux romains : Tarants devient Jupiter, Teutatès, Mars ou Mercure, et Esus, Mercure. Les cultes orientaux se développent aussi en Gaule dont le Christianisme.


L'armée

Dès Auguste, les jeunes gaulois sont appelés à servir dans les légions romaines. Au terme de leurs 25 années de service, ils reçoivent la citoyenneté romaine, des terres et bénéficient de privilèges financiers. Les Gaulois ont été sensibles à ces honneurs et avantages.


La fin de la Gaule romaine

  • La crise du IIIème s. (invasions, difficultés économiques et sociales) remet en question la prospérité de la Gaule romaine : attitude oppressive des grands propriétaires fonciers, inflation monétaire, hausse des prix, poids des charges fiscales (provoquant des brigandages) et en 253, 256, 259-260, les Francs et les Alamans pillent en partie la Gaule. Pour assurer la protection du territoire, les troupes d'un officier gaulois le proclame Empereur des Gaules (Postumus - 260-268). La Gaule réintègre l'Empire en 274 et les invasions sont jugulées en 277. Des enceintes sont construites autour des villes, la Gaule est partiellement ruinée. Les anciens noms latins des lieux tendent à disparaître. Ils sont remplacés par des noms dérivés des peuples dont les villes sont le chef-lieu.
  • Le IVème s. est une période de répit. Une nouvelle administration est mise en place pour mieux défendre le territoire contre les invasions, ainsi que le renforcement du limes, des attaques contre les germains... La Gaule est ainsi divisée en 2 diocèses : le diocèse des Gaules avec Trèves comme Capitale (mieux située que Lyon sur le plan stratégique) ; le diocèse de Viennoise avec Vienne comme Capitale. Ces diocèses sont divisés en provinces. Des colonnes légères sont en outre mises en place pour contrer les brigandages. L'activité économique reprend et avec elle la prospérité.
  • Au Vème s., tout s'effondre : en 406, les Vandales, Alains et Suèves franchissent le Rhin par surprise entre Worms et Mayence. Les barbares tournent dans toute la Gaule pendant près de 3 ans. Les autres peuples germaniques, inoffensifs jusque là, décident alors d'envahir la Gaule : les Burgondes viennent en masse sur la rive gauche en aval de Coblence ; un important groupe Franc occupe un autre secteur de la Rhénanie et pille Trèves ; des détachements alamans s'installent en Alsace et dans le Palatinat. Rome n'a pu protéger la Gaule. La simultanéité des attaques, l'incapacité de la Gaule à se protéger elle-même font que la Gaule romaine éclate de toute part. A COMPLETER : DUBY PP 155-158


Carte des Invasions au Vème s. Fichier:Invasions barbares-Vèmes.jpg

In. Atlas Historique de G. Duby

Ce qu'il faut vraiment retenir

  • Romanisation = administrative, urbaine, militaire.
  • Une période prospère le plus souvent.
  • Un Empire trop grand pour subsister ? : le limes romain

Enjeux apprentissage (approche personnelle)

  • L'apport des Romains dans notre Histoire.
  • Les vestiges encore visibles.
  • Le cas Vercingétorix
  • Liens avec la BD "Astérix" !