Les valeurs, le point de vue, la voie (Freesette)

De CRPE

Les notions de point de vue et de voix et leur usage scolaire

Evolution

Le texte officiel "Maîtrise de la langue" en 1992, préconise de s'intéresser au narrateur et de faire émerger la question de point de vue. Qui parle (la voix) ? Qui voit la scène (le point de vue, au sens restreint) sont des questions simples à faire apparaître.

Perspective confirmée dans les programmes 2002. Elle implique que les élèves soient sensibles à la figure de l'auteur et qu'ils la distinguent de celle du narrateur.

La question du point de vue

Elle est aussi convoquée dans cette approche.

  • sens commun : le point de vue renvoie à l'intention, ou à la visée de l'oeuvre, aux choix esthétiques et idéologiques que peut défendre l'auteur.
  • sens plus restreint : renvoie à tout ce qui fonde le ton ou le registre (le texte se moque, met en valeur...).
  • manière spécialisée : elle renvoie à la question de la vision ou à la focalisation (Cf. usage défini par Genette) dans le cas du récit.
     La focalisation zéro  : vision omnisciente. Suppose un narrateur qui raconte  
     comme s'il savait tout ce qui se passe. Y compris dans l'esprit des personnages. Il 
     fournit aux lecteurs des explications, des détails. C'est le point de vue le plus 
     caractéristique de l'écriture romanesque. 
     La focalisation interne : narrateur 
     ramené à la vision d'un personnage qui ne voit qu'une partie de la scène, mais qui 
     l'interprète selon ses propres connaissances. Les romans du 19ème siècle vont 
     développer ce point de vue. 
     La focalisation externe : suppose un narrateur 
     extérieur qui n'est pas un personnage impliqué. Il ne voit que les apparences de ce 
     qui se passe. Technique assez caractéristique de l'écriture du 20ème s. (années 60 :
     nouveau roman).

La question de la voix

Qui parle ?

On peut l'identifier aux deux aspects suivants :

  • La modélisation et les marques de subjectivité dans le texte. Une proposition incise, qui souligne un jugement sur le personnage, sont des marques de subjectivité, et plus précisément de modalisation.
  • La polyphonie : plusieurs voix se mélangent dans un texte narratif. Le discours indirect libre (on ne sait plus si c'est le narrateur ou le personnage qui assume le propos) et l'usage de guillemets, d'italiques, de points de suspension sont des outils habituels pour marquer ce mélange de voix.


   La modalisation : ensemble des moyens par lesquels un énonciateur marque son 
   point de vue sur l'énoncé qu'il produit. Les verbes (comme "pouvoir", "devoir"...) et 
   leur mode (le conditionnel notamment), des adverbes (comme "sûrement" ou "peut-être"), 
   des choix lexicaux font partie des outils de modalisation.

Intérêt didactique des notions de point de vue et de voix

On ne peut accéder aux valeurs d'un texte que si l'on a perçu toutes ces nuances qui construisent un point de vue au sens commun. Dans les pratiques scolaires, cela veut dire que le lecteur s'interroge sur celui qui assume le propos, de celui qui perçoit la scène, des jugements implicites ou explicites. C'est à cette condition qu'il peut établir cette distance critique qui lui permet de porter un regard personnel sur le texte et d'en percevoir les valeurs éthiques ou esthétiques.