Naissance de la France (Freesette)

De CRPE

Sources

Chronologie

  • 406 : les peuples germaniques franchissent le Rhin. Fin de la Gaule romaine.
  • 476 : disparition de l'Empire romain d'Occident.
  • Dès 481 : règne de Clovis - Dynastie des mérovingiens.
  • 496 : conversion de Clovis au christianisme.
  • 732 : Charles Martel, maire de palais, arrête la progression des Musulmans à Poitiers. Il prend le pouvoir.
  • 751 : règne de Pépin, premier roi sacré par le pape en 754. Fondation de la dynastie carolingienne.
  • 768 : début du règne de Charlemagne.
  • 800 : Charlemagne est sacré empereur d'occident.
  • 843 : traité de Verdun qui partage l'empire entre les fils de Charlemagne.
  • 987 : Hugues Capet est élu roi. Une nouvelle famille vient au pouvoir. Début de la dynastie des Capétiens.
  • 1328 : la branche des Valois a le pouvoir avec Philippe VI. Début de la guerre de cent ans.
  • 1346 : les Français sont vaincus à Crécy.
  • 1356 : les Français sont vaincus à Poitiers. Le roi Jean II le Bon est fait prisonnier.
  • 1380-1422 : sous le règne de Charles VI, victime d'accès de folie, la guerre civile éclate entre les partisans du duc de Bourgogne, les Bourguignons qui s'allient aux Anglais et ceux de Louis d'Orléans, les Armagnacs.
  • 1415 : les Anglais écrasent les troupes françaises à Azincourt.
  • 1420 : le traité de Troyes déshérite le dauphin au profit du roi d'Angleterre.
  • 1429 : Jeanne d'Arc rejoint Charles VII. Elle délivre Orléans et conduit le roi à Reims où il est sacré.
  • 1430 : arrêtée devant Compiègne par les Bourguignons en 1430, Jeanne est livrée aux Anglais et brûlée vive en 1431 à Rouen.
  • 1453 : Bataille de Castillon, les Anglais quittent le sol français. Mais ils n'évacuent Calais qu'en 1559.


Sur Wikipédia :


La Monarchie franque

Revoir la fiche sur la Gaule romaine, le passage sur les "invasions barbares" : La romanisation de la Gaule (Freesette)


Les Mérovingiens

Parmi les royaumes qui se constituent avec les invasions et la déliquescence de l'Empire romain d'Occident, celui des Francs joue un rôle de première importance.

Clovis en hérite en 481. Il bat les Wisigoths et conquiert un vaste territoire. Vers 496, il se convertit au christianisme et est baptisé à Reims par l'évêque Rémi (hypothèse). C'est le premier roi à embrasser la religion catholique, les autres souverains germaniques ayant choisi l'arianisme. La conversion de Clovis facilite l'amalgame des Francs et des élites urbaines gallo-romaines et lui permet de s'appuyer sur l'Eglise pour gouverner.

Les successeurs de Clovis, les Mérovingiens, maintiennent cette alliance et fondent des monastères où les moines vivent en communauté selon la règle de St Benoît édictée en 530. Mais peu à peu, les Mérovingiens perdent le pouvoir du fait de luttes incessantes, des vélléités des Maires de Palais (Cf. les maires de palais dans le lexique) et des partages successifs du royaume. Les Francs ont une conception patrimoniale de la royauté qui implique qu'à la mort du souverain, son héritage soit partagé entre ses fils. La réalité du pouvoir va ainsi passer aux Maires de Palais, placés à la tête de l'armée et de l'administration.

Charles Martel, maire de palais, jouit d'un grand prestige après avoir arrêté les Musulmans à Poitiers en 732. Il devient le véritable maître du royaume. En 751, son fils Pépin s'empare de la couronne avec l'accord du pape qui le sacre roi des Francs en 754. Cette cérémonie fait du roi, un quasi-prêtre. Elle marque aussi le début de la dynastie carolingienne.


Les Carolingiens

A la mort de Pépin en 768, son fils Charles lui succède. Il renforce la puissance des Francs dont il étend le royaume et diffuse le christianisme en Germanie. Il fait la conquête de la Lombardie pour secourir le pape et mène une guerre cruelle contre les Saxons dont il obtient la conversion forcée après plus de 30 ans de guerre.

Comme à l'époque mérovingienne, le christianisme s'étend en Occident. Des monastères sont créés. Ils deviennent de véritables centres de culture avec leurs bibliothèques dans lesquelles les moines copient textes chrétiens et antiques. Une nouvelle écriture, la minuscule caroline, est mise au point.

En 800, le pape couronne Charlemagne empereur d'Occident qui établit sa résidence permanente à Aix-la-Chapelle. L'Empire carolingien s'étend de l'Atlantique au Danube. Il est découpé en plus de 200 comtés. A leur tête, les comtes représentent l'empereur. Ils perçoivent les impôts, rendent la justice et lèvent l'armée. Ils prêtent serment de fidélité à l'empereur et sont contrôlés par les missi dominici (envoyés du maître) qui informent Charlemagne de l'état du royaume. Chaque année, l'empereur convoque des assemblées, les plaids, qui tranchent les problèmes en suspens. Les habitants vivent essentiellement de l'agriculture.

Mais l'unité de l'empire est menacé, même avant la mort de Charlemagne. Les comtes échappent à l'autorité de l'empereur et c'est le retour des invasions. En 814, Louis le Pieux succède à son père, mais ses fils livrent une guerre fratricide. A la mort de Louis en 840, la guerre reprend entre les fils : Lothaire, Louis le Germanique et Charles le Chauve. En 843, l'empire est partagé par le traité de Verdun. Lothaire obtient le titre impérial et le coeur de l'empire (de la mer du Nord à l'Italie) ; Louis le Germanique obtient la Francia Orientalis ; Charles le Chauve hérite de la Francia Occidentalis, la Francie de l'Ouest dont naîtra la France. A la dislocation du royaume de Lothaire, Louis le Germanique récupèrera le titre impérial pour donner naissance à un empire germanique.

A la même époque, nouvelles invasions : les Vikings remontent les fleuves, dévastent, pillent les monastères, cités... Ils s'installent en Normandie en 911. A l'est de l'Europe, les Hongrois sèment la terreur. Les Musulmans d'Afrique et d'Espagne, les Sarrasins, attaquent les côtes méditerranéennes. Ces invasions accentuent la dislocation de l'empire de Charlemagne. Le pouvoir central s'effrite alors que les populations recherchent la protection des comtes locaux et des grands propriétaires. La dynastie carolingienne disparaît alors tant en Germanie qu'en Francia Occidentalis.


Formation et partage de l'Empire carolingien

Fichier:Empire carolingien.jpg

In. Atlas Historique de G. Duby


Vers le Roi-Etat sous la Monarchie capétienne

Les Capétiens, l'Eglise et le système féodal

Une nouvelle famille s'installe au pouvoir avec l'élection d'Hugues Capet à la tête du royaume en 987. Elle y reste jusqu'à la révolution (branches Valois et Bourbons). Hugues Capet avait pourtant des pouvoirs limités. Comment ses successeurs ont-ils imposé leur autorité ?

Le pouvoir des rois de France repose initialement sur une alliance avec l'Eglise, symbolisé par le baptême de Clovis à Reims. Cette alliance est renouvelée quand Pépin et Charlemagne sauvent le pape des Lombards et lui permettent de constituer les Etats de l'Eglise. Sacré à Reims, Hugues Capet fait élire et sacrer son fils aîné. Son souci est de mettre en place une succession dynastique. Jusqu'au début du XIIIè s., les rois prennent donc la précaution de faire sacrer leur fils aîné alors qu'ils sont encore sur le trône. Oint de Dieu, le roi jouit d'un immense prestige et comme les prêtres, il peut communier sous les deux espèces (le pain et le vin). On lui prête des pouvoirs de thaumaturge et l'on croit qu'il peut guérir miraculeusement certaines maladies par le seul contact de ses mains, telles les écrouelles. Toute désobéissance est considérée comme sacrilège. Le monarque est le représentant de Dieu sur terre. Souverain de droit divin, il est responsable devant Dieu seul.
Les rois de France sont donc les défenseurs naturels de la papauté. Même si des conflits violents peuvent éclater comme celui qui oppose Philippe IV le Bel et Boniface VIII (XIII-XIVè s.) au nom de l'indépendance de l'Eglise de France. Les juristes de l'époque déclare le Roi "empereur en son royaume", c'est-à-dire délié de toute dépendance à l'égard du pape et de l'empereur. L'alliance avec Dieu remplace progressivement l'alliance avec l'Eglise. Il faut attendre Philippe II Auguste (1180-1223) pour se dispenser d'un sacre précoce de son successeur. Depuis longtemps maintenant, la succession héréditaire a éclipsé l'élection. A partir de la fin du XIIIè s., les années de règne sont comptées depuis la date d'accession au trône, et non plus depuis celle du sacre. Le sacre est devenu une bénédiction, une fête, une solennité. Il n'a plus, à la fin du Moyen Âge, qu'une valeur déclarative et non constitutive.
De Hugues Capet jusqu'à Philippe le Bel, aucun soucis de succession. La question se pose au décès sans héritier du 1er fils de Philippe le Bel, Louis X en 1316. Ses frères lui succède : Philippe V le Long et Charles IV le Bel. A la mort de ce dernier, le problème ressurgit. Philippe VI de Valois lui succède alors (1328-1350), non pas en raison de la loi salique (cf. [7]), mais parce qu'il est le plus fort. Au XVème s., l'évocation de la loi salique a pour unique fonction de donner une base juridique aux pratiques successorales de fait : succession dynastique, primogéniture, exclusion des filles.


Les premiers capétiens ont donc bien utilisé politiquement le sacre pour asseoir leur autorité. Ils ont aussi utilisé le système des liens féodo-vassaliques. En effet, le roi est le premier des seigneurs de son royaume et à ce titre, il est situé au sommet de la hiérarchie féodale. Les seigneurs sont les vassaux du roi lorsqu'ils tiennent directement de lui des fiefs, ou ses arrières-vassaux lorsque les fiefs leur sont indirectement confiés. Tous lui doivent fidélité et hommage. Les vassaux doivent l'aide militaire (l' ost). Le roi peut ainsi convoquer le ban et l'arrière-ban. Les vassaux ont aussi le devoir de conseil : participation aux assemblées chargées de prendre les décisions qui engagent le royaume. Selon le système féodal, le roi est bien le suzerain suprême du royaume, le seul à ne prêter hommage à personne.


La mise en place de l'Etat

Deux siècles après la naissance de la Francia Occidentalis, on commence à parler de la France. Terme qui finit par désigner le royaume capétien au milieu du XIIème s..

Les étapes de la construction étatique semblent se suivre avec une logique dépendante de la personne des monarques avec : instauration véritable dune justice royale (transformation de la cour royale en parlement sous Saint Louis), création d'un impôt permanent de Charles V à Charles VII, instauration d'une armée de métier sous Charles VIII en 1445.

Au XIIè s., Louis VI le Gros et Louis VII le Jeune agrandissent progressivement le domaine royal. Louis VI, en butte aux révoltes des petits seigneurs, assiège leurs châteaux qu'il démantèle et met fin à leur indépendance. Louis VII épouse Aliènor d'Aquitaine et installe ainsi l'autorité du roi dans le Midi. Rattachement de courte durée car le couple se sépare et Aliénor épouse Henri II de Plantagenêt, devenu roi d'Angleterre... Mais c'est surtout sous les règnes de Philippe II Auguste (1180-1223), Louis IX-St Louis (1226-1270) et Philippe IV le Bel (1285-1314) que s'accomplit l'essentiel. Philippe Auguste est le "grand rassembleur des terres françaises". Il lutte contre les rois d'Angleterre en exigeant la stricte application du droit féodal. En 1214, il remporte la victoire de Bouvines qui chasse le roi d'Angleterre des terres de France, excepté les îles anglo-normandes et la Guyenne. Le domaine royal s'aggrandit du côté de la Champagne et de l'Artois (mariages avisés). Louis IX renforce les acquisitions de son prédécesseur. L'autorité royale progresse dans le Sud-Est. Il contribue à la répression de l'hérésie cathare et parachève la conquête du comté de Toulouse. Le Midi se retrouve sous l'autorité royale.

Une administration royale se construit progressivement. Philippe Auguste met en place des baillis dans le nord et des sénéchaux dans le sud qui représentent le roi dans les provinces. Les baillis représentent le roi et sont chargés de contrôler les prévôts, agents locaux du roi qui administrent ses biens et exercent la justice en son nom. Ils deviennent de véritables agents de l'autorité royale dans les provinces. Sous St Louis apparaît le Parlement où est rendu la justice royale et qui joue le rôle de chambre d'appel. Le roi impose sa monnaie dans le royaume. Philippe le Bel crèe la Chambre des comptes, chargée du contrôle de la gestion financière du domaine royal. La Chancellerie se développe et s'occupe de la rédaction et de l'expédition des actes royaux.

Une capitale s'affirme quelques temps : Paris. Dès le Haut Moyen Âge, St Denis (évêque de Paris au IIIème s.) est le protecteur du roi et du royaume. La christianisation du royaume est alors pensée comme une diffusion de la foi à partir de Paris qui apparaît comme son centre dès le XIIème s.. Au XIIIème s., Paris compte 200 000 hbts. Elle est la ville la plus peuplée de l'Occident chrétien. Philippe II Auguste décide d'y laisser ses archives, de construire une enceinte et de faire paver quelques rues. L'île de la Cité devient le centre administratif du royaume. Puis le lien avec les rois va s'affaiblir notamment pendant la guerre de Cent Ans et par la suite. Paris n'est plus la capitale.

Au niveau linguistique, la France est multilingue comme toutes les nations médiévales. La langue d'oïl au nord du royaume et la langue d'oc au sud comptent de nombreuses variantes régionales. Certaines provinces parlent le flamand, le basque, le breton. Le latin est la langue des clercs, de la liturgie, des étudiants, de l'administration royale au moins jusqu'au début du XIVème s..

Le français se développe : au XIIIème s., son succès international est incontestable. Il est parlé dans les Etats latins d'Orient, à la cour d'Angleterre et par les principaux seigneurs flamands et allemands. Au sein du royaume, le succès est plus mitigé. Il progresse dans les actes royaux à partir de Philippe le Bel. Mais en 1300, l'unité linguistique commence à apparaître comme nécessaire aux nations. La position des rois de France va dans ce sens. Mais il faut attendre l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539 sous François 1er) pour imposer l'usage du français dans les actes publics, qui fait donc du français la langue de l'Etat.


La Guerre de Cent ans sous les premiers Valois

La guerre de Cent ans est un moment clé de la construction de l'Etat national. Son origine vient de la crise dynastique à la mort de Charles IV en 1328. Philippe VI de Valois lui succède, mais Edouard III, roi d'Angleterre et petit-fils de Philippe le Bel, refuse de lui prêter hommage pour ses fiefs de Guyenne et réclame la couronne de France en 1337. Début d'un long conflit entrecoupé de trèves.

Parmi les dates importantes :

  • 1346 : les Français sont vaincus à Crécy.
  • 1356 : les Français sont vaincus à Poitiers. Le roi Jean II le Bon est fait prisonnier.
  • 1364-1380 : sous le règne de Charles V le Sage, l'essentiel du royaume est reconquis. Il prend exemple sur le cercle de conseillers de Philippe le Bel et s'entoure d'une nouvelle génération de légistes, théoriciens d'un pouvoir monarchique plus tempéré. Méfiant à l'égard des princes et des grands féodaux, le roi fait appel à des bourgeois, des hommes de robe ou à des petits seigneurs provinciaux en qui il a confiance.
  • 1380-1422 : sous le règne de Charles VI, victime d'accès de folie, la guerre civile éclate entre les partisans du duc de Bourgogne, les Bourguignons qui s'allient aux Anglais et ceux de Louis d'Orléans, les Armagnacs.
  • 1415 : les Anglais écrasent les troupes françaises à Azincourt.
  • 1420 : le traité de Troyes déshérite le dauphin au profit du roi d'Angleterre.
  • 1422-1461 : "règne" de Charles VII. Celui-ci est réfugié au sud de la Loire en 1429. Jeanne d'Arc le rejoint. Elle délivre Orléans et conduit le roi à Reims où il est sacré. Arrêtée devant Compiègne par les Bourguignons en 1430, Jeanne est livrée aux Anglais et brûlée vive en 1431 à Rouen. Charles VII entreprend la reconquête du royaume grâce à une armée professionnelle financée par un nouvel impôt (la taille).
  • 1453 : Bataille de Castillon, les Anglais quittent le sol français. Mais ils n'évacuent Calais qu'en 1559.

A cette date, le roi est à la tête d'un royaume unifié que protège une armée soldée, financée par un impôt permanent. Son fils Louis XI (1461-1483) affermit encore la couronne en battant le puissant duc de Bourgogne Charles le Téméraire qui est tué à la bataille de Nancy en 1477.


La guerre de Cent Ans a eu pour effet de fragiliser la monarchie, mais elle a surtout contribué à obliger les rois de France à mettre en place un système de gouvernement plus solide. Au terme de la guerre, les rois de France sont les seuls à entériner des lois, à exercer la justice, à lever des impôts, à frapper monnaie et les seuls à décider de la guerre et de la paix. Grâce à la paix, au renouveau économique et démographique au milieu du XVè s., Louis XI (1461-1483) dispose de puissants moyens pour combattre le duc de Bourgogne et s'emparer d'une bonne partie de ses terres (Picardie et Bourgogne) ; pour annexer ensuite la Provence. Une nouvelle ère commence, celle du premier souverain des temps modernes.


Ce qu'il faut vraiment retenir

  • La chrétienté occidentale avec la France, fille de l'Eglise.
  • La constitution territoriale et l'affirmation de l'Etat.
  • Le système des successions


Petit lexique

  • Loi salique : loi des francs saliens rédigée en latin à la fin du règne de Clovis : [8]
  • Maire de palais : intendant du roi : [9]
  • Ost : armée médiévale : [10]


Enjeux apprentissage (approche personnelle)

  • Compréhension de la notion d'Etat : que veut dire fonder un Etat ? Comment cela peut-il se définir ?
  • Compréhension de la fonction de Roi et du pouvoir de l'époque : qu'est-ce qu'être Roi ? Et surtout Roi divin ?
  • Réaliser la fluctuation des frontières et des terminologies : comment la France a-t-elle pu voir le jour en ces époques très perturbées (invasions, pouvoir morcelé...) ? Quel était vraiment le territoire appelé la France ? Et à partir de quand l'a-t-on appelé ainsi ?