Origines et fonctions de l'écrit (Freesette)

De CRPE

Aborder l'écrit représente pour l'enfant une expérience complexe qui lui demande d'entrer dans une activité cognitive particulière et de s'insérer dans un cadre social et culturel qu'il ne connaît pas.

Origines

L'apparition du langage est le fait de l'Homo Sapiens et on le date approximativement entre - 1 500 000 ans et - 200 000 ans (voire - 300 000ans). Les premières figurations graphiques sont situées entre - 30 000 ans et - 10 000 ans. Le langage se développe parallèlement à l'acquisition de techniques nouvelles et l'apparition des 1ers rituels. Mais l'écrit n'est pas encore constitué.

L'écrit apparaît vers -3000 ans en Egypte et à Sumer (Mésopotamie). Peut-être un peu avant en Chine (-4000 et -2000 ans). Des tablettes d'argile, des plaques de bronze gravées constituent les traces archéologiques les plus anciennes. Des supports plus légers apparaîtront par la suite (papyrus, parchemin puis papier).

On peut définir l'écrit comme une technique de représentation de la parole par une trace laissée sur un support conservable. Les premières écritures sont cunéiformes, hiéroglyphiques. Système à dominante idéographique. Le passage à des écritures alphabétiques se fera plus tard.

  Idéographique : système qui transcrit directement du sens. Un idéogramme
     représente un objet, une notion sans faire de référence à la prononciation du mot. 
     En revanche, les systèmes alphabétiques encodent des sons.

Fonctions

On rattache le développement de l'écriture à l'apparition de l'Etat et à la mise en place de religions. L'écrit n'est pas une simple transcription de l'oral. Il développe ses propres fonctions sociales. Il devient un élément fort de structuration des sociétés en séparant les profanes et les experts constitués en castes ou en groupes sociaux homogènes. Il assure la pérennité des pouvoirs politiques et religieux.

L'écrit modifie le rapport au savoir et au langage. La mise en espace des mots, l'établissement de listes obligent à poser explicitement la question de l'ordre et du mode d'organisation des savoirs. L'écriture hiérarchise et fixe les savoirs. De surcroît, l'utilisation d'une écriture alphabétique, résultat d'une analyse complexe, métalinguistique, accentue le caractère abstrait de l'activité scripturale. Jack Goody souligne que l'apparition de l'écrit accompagne l'émergence de la pensée rationnelle.

  Métalinguistique : l'analyse métalinguistique porte sur la langue elle-même
 étymologiquement, le préfixe méta indique qu'il s'agit d'un discours "sur"), ici tout 
 particulièrement sur sa structure phonétique. La grammaire, la linguistique, la 
 phonétique et la lexicologie ont une dimension métalinguistique dans la mesure où ces
 disciplines se chargent de décrire la langue et développent des concepts et un 
 vocabulaire spécifiques pour la faire.


On peut rattacher cette évolution de la pensée à une cause majeure qui reste un vrai problème didactique dans l'enseignement de l'écrit : l'écrit décontextualise le message et son sens. L'écrit implique une communication "différée", s'inscrit dans un espace et sur un support conservable qui obligent à l'abstraction. Les conséquences sont psychologiques, sociales et cognitives. La maîtrise des savoirs et, pour large part, la réussite scolaire, sont tributaires de toutes ces opérations de décontextualisation et de recontextualisation que suppose l'usage de l'écrit.

L'écrit amène aussi à la réflexivité sur la langue elle-même.