Repérage des centres et des périphéries europénnes (Freesette)

De CRPE

Après avoir appréhendé le monde dans sa globalité, les élèves changent d'échelle en découvrant une autre réalité géographique : l'Europe.

Originalité du programme : insister sur la diversité au sein de l'Europe à partir notamment des paysages.

3 articulations majeures des programmes :

  • Présentation des limites de l'Europe : délimitation multiple car il y a l'Europe-continent, l'Europe de l'Union européenne et l'Europe des Etats européens.
  • Les différences : inégale répartition des hommes, différents types d'aménagements, différentes formes d'organisation de l'espace.
  • Existence d'un projet économique et géo-politique : l'Union européenne.

On parle d'espaces européens, classés entre des centres et des périphéries.


Qu'est-ce que l'Europe ?

Une utopie ?

Limites communément admises : de l'Atlantique à l'Oural.
Petit continent de 10 millions de km² = un peu moins de 7% des terres émergées.
Originalité : l'Europe est dans la continuité territoriale de l'Asie.


Le mot "Europe" apparaît au cours de l'Antiquité. Les limites adoptées sont arbitraires :

  • L'Oural, peu élevée, ne peut servir de barrière protégeant le continent
  • L'Ouest et le Nord, en contact avec les Océans, devraient fournir des limites plus nettes, mais ils n'excluent pas les liens. Les espaces ultra-périphériques (Antilles, Guyane, Réunion, Polynésie, Açores...) sont autant d'excroissances européennes.
  • Au Sud, la Méditerranée ressemble plus à un carrefour qu'à une barrière. Parsemée d'îles , de détroits, de péninsules... tendues vers le Sud.


Sur les limites de l'Europe : [1]

Une unité physique ?

La définition de continent induit l'idée de massivité et d'unité. Le continent européen ne correspond pas à ces critères. Continent extrêmement morcelé et compartimenté :

  • Le Nord : reliefs modérés et calmes. Immense plaine de la Russie au Nord de la France.
  • Plus au Sud : puissants reliefs montagneux. Des chaînes récentes (Alpes, Carpates) et des massifs anciens (Massif central) crèent des obstacles.
  • Les bordures océaniques sont découpées par de nombreuses péninsules (Scandinave, Ibérique...) et on retrouve une multitude d'îles (archipels grec, britannique, sarde...).


Une civilisation européenne ?

Quel ciment ?

  • L'idée que la religion chrétienne ait été le ciment d'une civilisation européenne est discutable. L'Europe n'a jamais été unie sur le plan religieux (persécutions des Juifs, des Protestants, conflit en Irlande, dans les Balkans...). L'appartenance religieuse constitue un élément de division souvent encore. Avec l'ouverture à l'Est, nouvelles oppositions oubliées : catholiques / orthodoxes.
  • Absence unité linguistique = autre signe de la difficile unité du continent. Plus de 40 langues parlées en Europe rattachées à 3 ensembles linguistiques (roman, germanique, slave).
  • Sa spécificité résiderait-elle dans la diffusion de modèles culturels et artistiques originaux (puisés dans mouvements tels que l'humanisme, la renaissance, les lumières...) ? S'y ajouteraient des valeurs à vocation universelle telles que les Droits de l'Homme. Attitude pourtant ethnocentrique... Et que dire des drames européens ? (shoah, balkans...)


Une communauté d'Etats ?

L'Europe apparaît encore plus fragmentée sous cet angle ! Il y existe 50 Etats très différents. Leurs frontières correspondent à un long processus d'affirmation.

  • A l'Ouest et au Nord, Etats relativement anciens et stables (même si revendications en Irlande et en Corse). Certains existent depuis le Moyen Âge, d'autres ont réalisé leur unité au XIXème s. (Allemagne, Italie). On parle d'Etats-nations.
  • En Europe centrale et orientale, Etats plus récents liés à l'éclatement de l'Empire d'Autriche-Hongrie en 1919 et à l'implosion de l'URSS en 1991. Enchevêtrement de peuples et d'aires culturelles qui coïncident rarement avec les frontières des Etats.

= Recomposition permanente

   Europe = absence d'unité physique, limites floues, communauté qui peine à se
   trouver... Ne serait-ce qu'une utopie ? En fait, il n'existe pas une Europe, mais des 
   Europe(s), des espaces européens, des dynamiques géographiques multiples autour du 
   gradient centres-périphéries.


Comment la décrire ?

Centres et périphéries européens : point fort du programme, mais pas plus de détails dans les documents d'application... La plupart des manuels scolaires du cycle 3 éludent par ailleurs la question !

3 approches se distinguent pour répondre à cette question :

  • la plus adaptée au niveau des enfants (mais simpliste) : idée qu'il existe plusieurs Europe(s) sans réelles hiérarchisation (Europe riche / pauvre, pleine / vide...).
  • la seconde présente dans les manuels du cycle 3 tente d'opposer les espaces en fonction de leurs regroupements géopolitiques (l'UE face aux autres Etats).
  • la dernière approche, la plus pertinente, reprend l'idée d'une organisation hiérarchisée autour d'un centre économique, politique et humain majeur (la mégalopole européenne). Vision mieux adaptée aux élèves du 2d degré.


1ère approche : typologie des espaces européens

Critères : relief, climat, population, culture, économie...

Quatre grands groupes se dégagent : Europe méditérranéenne, Europe Atlantique, Europe du Nord, Europe de l'Est. Vision simple, mais ne met pas en évidence les rapports de force et les nombreuses nuances de chaque espace.


Les quatre grands groupes
Carte des espaces européens.jpg


2ème approche : l'UE et le "reste"

L'UE peut apparaître comme un centre par rapport à des périphéries situées aujourd'hui à l'Est. L'histoire de l'Union est faite de rattachement à ce centre. Espace attractif. Comment donc continuer à parler de "centre" quand on regroupe une telle superficie et autant de réalités géographiques ? Plutôt que de centre, on devrait parler de pôle d'attraction et de la très grande hétérogénéité au sein de l'UE.


3ème approche : de la mégalopole aux marges

En analysant la répartition des populations européennes, les principaux pôles urbains et les axes de communication, on identifie clairement un centre autour duquel gravitent 3 niveaux de périphéries. Ensembles qui vont au-delà des frontières.

Le Centre européen : du sud de l'Angleterre au nord de l'Italie. Espace de la mégalopole européenne (banane bleue). Elle produit une richesse supérieure à celle de l'Inde et de la Chine réunies. Le Rhin est l'axe de communication majeur avec comme débouche le port de Rotterdam (premier port au monde). Gigantesque zone industrielle de Rotterdam à la Ruhr. Concentration des plus fortes densités de population, des plus fortes productions, des plus importants flux de personnes et de marchandises. Reprend axe ajeur du commerce médiéval. Paris, Rome, Berlin sont à l'écart de cette dorsale européenne, mais Londres en fait partie.

Les périphéries de part et d'autre de cette dorsale sont multiples :

  • Espaces proches de la zone centrale : régions parisienne, Rhône-Alpes, Bavière, Danemark, Sud de la Suède et de la Finlande. Europe riche et active.
  • Espaces excentrés du sud (Grèce, Italie méridionale, Espagne), du nord (Finlande et Suède), de l'est de l'Allemagne, de l'Ouest (Arc atlantique de l'Ecosse au Portugal). On y trouve les régions les plus pauvres et les moins développées de l'Europe. L'arc atlantique regroupe à la fois des zones dynamiques (Bretagne), en déclin (oust GB), relativement en retard (Portugal, Espagne). Zones essentiellement rurales. Le côté méditerranéen est beaucoup plus urbanisé et moins agricole. Espace ouvert où on circule beaucoup, régions très touristiques (1ère du monde). La Turquie a demandé son intégration à l'UE.
  • Nouvelle périphérie : pays d'Europe centrale et orientale (PECO) avec des réalités bien différentes. Certains sont devenus des démocraties et se sont adaptés à l'économie de marché (Rép. Tchèque, Pologne, Slovaquie, Hongrie, Slovénie). Ils ont intégré l'UE en 2004. Plus à l'Est, la situation est difficile (Roumanie, Ukraine, Bulgarie, Biélorussie). L'Europe balkanique reste aussi une zone fragile. Dans cet ensemble, les distorsions sont aussi très fortes entre pays stable (Croatie) et en retard (Albanie).


La Russie occupe une place à part. Elle peut redevenir un espace central idéal entre l'Europe de l'Ouest et l'Asie. Son aire d'influence recommence à s'étendre.


Cette analyse favorise une véritable éducation à la citoyenneté européenne : connaissances de faits géohistoriques qui vont permettre aux elèves de devenir les promoteurs d'une Europe qui s'accomplit au-delà des différences et des dissensions. L'Europe est un paradigme scientifiquement faible (cf. éléments ci-dessus), mais reste un véritable enjeu civique.


Carte centre et périphéries en Europe
Centre et périphéries.jpg