Europe des abbayes et des cathédrales - Vème au XVème s. (Freesette)

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Une Eglise catholique omniprésente. L'Eglise est en effet au coeur de la société médiévale occidentale dont elle est le principal élément d'unité.


Sources

Chronologie

Sur Wikipédia :




Eglise : Fondements-Organisation-Fonctionnement

Fondements

La spiritualité catholique se fonde d'abord sur l'affirmation du dogme, construit par le pape et la hiérarchie épiscopale dans la phase de christianisation de l'Europe dès le IVème s., en s'appuyant sur la vie de Jésus et les textes sacrés : Le Nouveau Testament complète L'Ancien Testament. L'ensemble de ces textes sacrés sont regroupés sous l'appellation de Bible : textes de formes et d'époques très différentes qui vont probablement du XIIIème s. av. JC aux Ier ou IIème s. après JC.

Les débats philosophiques, théologiques, littéraires et historiques, conduits par des penseurs ("Pères de l'Eglise") en collaboration avec la papauté, élaborent une pensée religieuse complexe. Elle doit être un repère permanent pour les fidèles, afin de servir de guide à titre individuel et collectif pour partir à la recherche du Dieu des chrétiens. Elle entraîne des dynamiques de pensées et d'actions. En particulier une dynamique spirituelle et une dynamique artistique. Il s'agit de sauver son âme pour l'éternité et de participer à la Résurrection des Corps.


Organisation et Fonctionnement

L'Eglise contrôle la population par un encadrement efficace et hiérarchisé placé sous l'autorité du pape. Elu par les cardinaux, celui-ci affirme son indépendance à partir du XIème s. face aux puissants : seigneurs, rois et empereur. Il bénéficie d'une arme redoutable, l'excommunication.

Les clercs se répartissent entre le clergé régulier et séculier. Les réguliers se regroupent entre eux, observent une règle de vie et vivent en communauté comme les moines. Les séculiers vivent dans le siècle, au milieu des fidèles, comme les prêtres ou les évêques.

Les évêques sont placés à la tête des diocèses (ou évêchés) subdivisés en paroisses. Ils célèbrent le culte dans l'église principale du diocèse, la cathédrale, et étendent leur autorité sur l'ensemble des clercs du diocèse. L'église peut prendre des formes différentes dans l'espace social : au centre des villages qui se développent aux alentours du IXè s., naissent de petites églises romanes à partir du Xè s. (milieu rural ou urbain) ; au coeur des villes-évêchés vont naître les grandes cathédrales romanes et plus tard gothiques qui se développent vers l'an mil jusqu'au XIVè s. Lieux de grandes cérémonies pour marquer les occasions particulières.

L'Eglise est riche grâce à la dîme, impôt en nature qui correspond en principe au dixième des récoltes, et grâce aux donations des fidèles. Les chrétiens sont soucieux d'assurer leur salut.


Lutte contre l'Islam et l'hérésie

Du XIème au XIIIème s., l'Eglise se fait conquérante et s'attaque à l'Islam (croisades et Reconquista), alors que le tribunal de l'Inquisition pourchasse les hérétiques comme les Cathares.


Point sur le monachisme

L'une des principales caractéristiques de l'Eglise médiévale est l'importance du monachisme. Un ensemble de moines obéissant à la même règle forme un ordre. Les moines vivent au sein de monastères dirigés par un abbé, d'où leur autre nom d'abbayes. Les abbayes s'organisent le plus souvent autour d'un jardin central, le cloître, entouré d'une galerie, il s'agit là d'édifices de type roman.

Cluny

Fondé au Xème s., l'ordre de Cluny est au XIème s. à la tête de plus de 800 monastères et devient une puissance économique et politique. Les moines clunisiens accordent une importance particulière à la prière, au luxe et aux cérémonies somptueuses.

Cîteaux

L'ordre est créé en 1098. Il relève d'une volonté de retour aux sources et à l'austérité. L'ordre se développe au XIIème s. sous la direction de Bernard de Clairvaux. Chez les cisterciens, les bâtiments sont simples et dépouillés. Les monastères sont construits à l'écart du monde, dans des milieux reculés. Les moines contribuent ainsi à l'aménagement de l'espace rural par d'importants défrichages de forêts.

Ordres mendiants

Au XIIIème s., de nouvelles communautés apparaissent . Elles ne vivent que d'aumônes et sont appelées les ordres mendiants. Le fils d'un riche marchand italien, St François d'Assise décide de se consacrer aux exclus et crée l'ordre des franciscains. Un Espagnol, Dominique, fonde celui des dominicains. Ces religieux ne vivent plus dans ces monastères isolés du monde mais au coeur des villes où ils se consacrent à la charité (franciscains) et à la prédication (dominicains).

Présence de l'Eglise dans la vie médiévale occidentale

Le catholicisme est l'idéologie dominante et marque très profondément le Moyen Âge.

De la naissance à la mort, la religion est présente à chaque instant de la vie des hommes du Moyen Âge. Les fêtes religieuses rythment l'année et la vie sociale des paroisses et des corporations.

L'église est au coeur des croyances. :

  • C'est un lieu sacré qui assure la même fonction au cours des siècles : fonctions religieuses, lieu de prières qui rassemble la communauté des chrétiens pour rendre grâce à Dieu, par l'intermédiaire de Jésus-Christ et de sa mère Marie. La croyance au Christ fait de sa vie et de son enseignement un modèle pour le chrétien et est utilisée comme un mythe fondateur ; la croix sur laquelle il meurt de façon dramatique (la Crucifixion) devient le symbole de l'adhésion et signe de reconnaissance. Elle devient aussi le plan de base du temple marquant ainsi l'espace, et orienté vers Jérusalem (Ouest/Est). La foi s'exprime ainsi par la prière, la pratique régulière, la vénération des reliques et les pélérinages qui conduisent les chrétiens vers Rome, Jérusalem ou Saint-Jacques-de-Compostelle.
  • C'est un lieu de culte qui rythme le temps des croyants : dans le temps journalier mis sous la protection d'un saint ; dans le temps hebdomadaire avec le dimanche et l'obligation de faire de cette journée un moment de réflexion et de pratiques religieuses ; dans le temps de l'année avec les fêtes religieuses (temps annuel qui commémore les événements de 33 ans du Christ et génère le calendrier chrétien) ; par le temps personnel des individus (7 sacrements du baptême à l'extrême onction). Elle est ouverte à tous et tout est occasion de célébrations. La cloche est le marqueur du temps et le clocher, un repère dans l'espace.
  • C'est le siège de l'autorité du clergé. Le clergé s'instaure comme médiateur entre les chrétiens et Dieu. Le latin est la langue commune à toute la chrétienté en Europe.
  • C'est le lieu d'ancrage de la foi et un rempart contre les hérétiques. La parole de la hiérarchie est le guide pour l'interprétation des textes, la conduite de la vie spirituelle de chacun ou les projets collectifs. Lieu qui abrite les saintes reliques, d'où sont lancés les appels à la croisade. C'est de là que les fidèles sont appelés à lutter contre les infidèles. C'est aussi une étape pour les pélerinages. Elle devient alors une hôtellerie et plus tard hôpital.
  • C'est la maison du peuple : lieu de rencontres, de discussions, d'échanges des fidèles. Le parvis joue aussi ce rôle et peut être utilisé pour les mises en scènes théâtrales ou les processions.


La construction des édifices religieux devient donc qui est l'aboutissement de l'épanouissement de la pensée spirituelle catholique. Elle est la trace visible et marquante de la relation des croyants avec Dieu, dans une société dans laquelle la religion est le lien social puissant qui assure la cohérence du groupe.


L'art médiéval

L'art médiéval est essentiellement monumental. La peinture et la sculpture ont pour principale fonction de décorer les constructions. C'est un art religieux. On construit des abbayes, des églises, des cathédrales. L'art médiéval a aussi une volonté pédagogique : les peintures et la sculptures qui ornent les églises donnent un enseignement.


La fièvre bâtisseuse

Autour de l'an mil, vif élan de construction d'édifices religieux. C'est la fièvre des chantiers qui saisit toute l'Europe Catholique. Elle veut traduire la pensée chrétienne par des monuments dans une recherche de perfection permanente. Ainsi apparaissent les monastères dès le VIè s puis au XIè s quand l'Europe entre dans une période de croissance, quand augmente la population et que les conditions de vie s'améliorent, la phase de construction d'églises et de cathédrales s'emplifient pour constituer un maillage religieux qui marque le territoire. En France, 80 grandes cathédrales, plus de 500 églises, des milliers d'églises paroissiales, des centaines d'abbayes ont été construites en 3 siècles.

Les acteurs sont multiples :

  • Les initiatives reviennent souvent aux religieux ("grands abbés bâtisseurs") partout en Europe chrétienne. Furent particulièrement actifs les Bénédictins, les Clunisiens (1400 monastères en Europe) et les Cisterciens (500 en Europe). Deux personnages incontournables : Saint Bernard dans l'Ordre de Cîteaux en 1112 qui suscite par ses convictions et son charisme un mouvement de renouveau mystique de grande ampleur (plus de 300 constructions de son vivant). Suger, abbé de St Denis (1121/1151) se consacre à la reconstruction de l'abbaye pour en faire la plus belle réalisation du moment à la gloire de Dieu et des rois de France donc c'est la nécropole ([Cf. http://architecture.relig.free.fr/denis.htm]). Les prêtres et évêques s'engagent également, ainsi que les papes à Rome et à Avignon).
  • Tous les grands féodaux laïcs, seigneurs et nobles, princes, rois et reines rassemblent des fonds pour se faire pardonner leurs péchés et ainsi sauver leurs âmes. En plus de tous les anonymes : Cf. les vitraux de Chartres qui mettent en scène des boulangers, bouchers et autres commerçants. Avec le développement des villes au XIIè s., la bourgeoisie urbaine a voulu montrer sa ferveur mais aussi sa puissance et sa richesse : les cathédrales ne sont plus seulement des signes religieux mais les signes de son pouvoir économique et social qui ne fait que croître sur les derniers siècles.
  • Pour la mise en oeuvre, de nombreux corps de métiers contribuent. Beaucoup de documents, livres à ce sujet. Cf. notamment Les carnets de Villard de Honnecourt : [1]. Les techniques utilisées supposent des personnels compétents et formés. Les ouvriers spécialisés bénéficient d'un long apprentissage très encadré. Les métiers appelés plus tard "corporations", s'organisent suivant leurs propres règles. Des confréries, qui assurent aussi les secours mutuels, placées sous la protection d'un saint patron les complètent.


Une volonté de faire du beau

Dans ce désir mystique de glorifier Dieu et de sauver son âme, développer une éducation esthétique fait appel à la sensibilité des artistes pour toucher les croyants et favoriser l'expression des émotions des fidèles. La religion catholique imprègne tout le mouvement artistique, dans toutes ses manifestations ; l'art est au service de la religion.


On cherche à toucher les émotions des fidèles pour créer un contexte favorable au recueillement mystique. Tous les sens sont appelés (pour formes, lumière, lectures, chants, encens, matériaux, reliques...). Tous les ouvriers reçoivent une éducation artistique, notamment les maçons (démarche mystique et culturelle qui donne naissance de la Franc-maçonnerie au XVIIè s.).


Le beau doit être signifiant. La représentation symbolique est une source importante de l'inspiration créatrice. Les milieux intellectuels catholiques ont manié les symboles pour formuler la pensée, mais aussi comme outil pédagogique de vulgarisation de la Bible à l'usage des populations qui ne savaient pas lire.


Exemples de thèmes fondateurs

  • Ascension du Christ : modèle d'étapes à franchir pour l'homme pour s'élever vers la maison du père ;
  • La nativité de Jésus dans la crêche : représentation qui suscite de l'émotion ;
  • La mort par Crucifixion : pour faire éprouver des sentiments de peine ;
  • Le Jugement Dernier et la Résurrection : moment crucial pour tous croyants. Peur de la punition et rencontre définitive avec Dieu ;
  • Autres : lumière, feu, pain, vin, agneau, attitudes et positions, nombres (3 pour la trinité, 4 pour les évangélistes, 12 pour les apôtres)... etc.


Quand les constructions religieuses s'élèvent en hauteur en passant du roman au gothique, les représentations ne sont plus ni visibles, ni lisibles. Par ailleurs, l'habitude prise de représenter des scènes de la vie du Christ ou des hommes a donné naissance à des figurations qui n'avaient plus rien de religieux. Cette dérive fut une des raisons des débats sur l'image dans la religion chrétienne avec des approches diff��rentes entre les églises d'orient et d'occident.


En France, c'est la prise de conscience du XIXè s. qui a suscité une mobilisation culturelle de sauvegarde et de restauration des monuments. Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques et Viollet le Duc, architecte, en sont les acteurs les plus connus.

Art carolingien

La période carolingienne est empreinte d'une volonté de synthèse et d'unification entre le monde barbare et l'influence romaine, tant sur le plan politique que sur le plan artistique. La renaissance carolingienne s'inspire fortement de l'art de la Haute Antiquité en construisant des édifices à plan centré et basilical, comme à Aix-la Chapelle ou Germiny-des-Prés (Loiret). Le principal signe distinctif est la présence de deux chevets symétriques (et donc deux choeurs), comme à Fulda.. En revanche, la sculpture ornementale proprement carolingienne est réduite, du fait de la réutilisation de réalisations antérieures. Il reste peu de traces des mosaïques et peintures, probablement plus présentes : http://architecture.relig.free.fr/arch_ma.htm

Art Ottonien

Il reprend les acquis architecturaux de l'art carolingien en y ajoutant des éléments décoratifs d'inspiration byzantine, dans le but de glorifier le Saint Empire romain germanique. On trouve donc des édifices à deux chevets symétriques (mais le plan centré est abandonné), avec un mobilier et des ornements byzantins. Extérieurement, on adjoint aux églises des tours et des clochers : http://architecture.relig.free.fr/arch_ma.htm

Art roman

Du milieu du XIè s. au milieu du XIIè s. se répand d'un art dit roman car il emprunte de nombreux éléments à l'art romain, surtout dans le domaine de l'architecture. Dans ces églises basses et peu éclairées, le plan en croix latine remplace le plan basilical. De nombreuses abbayes sont construites.


Exemples :

  • Europe :
  • France :
  • Rhône-Alpes :



Art gothique

L'art gothique, né au coeur du royaume de France, succède à l'art roman au milieu du XIIème s. et s'épanouit au XIIIème s. Les villes construisent des cathédrales (églises de l'évêque) plus hautes et plus lumineuses grâce à l'utilisation de la croisée d'ogives et à celle de l'arc-boutant. Les murs sont percés de larges ouvertures ornées de vitraux.


Exemples :

  • Europe :
  • France :
  • Rhône-Alpes :
  • Initiation à l'architecture médiévale + glossaire : [2]
  • Nombreux ex. architectures romanes et gothiques : [3]

Vers le schisme de 1054

En 1054, après de nombreuses crises et des évolutions liturgiques divergentes, les Eglises d'Orient et d'Occident se séparent définitivement. Le schisme voit le pape et le patriarche de Constantinople s'excommunier mutuellement.


Ce qu'il faut vraiment retenir

Enjeux apprentissage (approche personnelle)