Europe des abbayes et des cathédrales - Vème au XVème s. (Freesette)

De CRPE

Une Eglise catholique omniprésente. L'Eglise est en effet au coeur de la société médiévale occidentale dont elle est le principal élément d'unité.


Sources sur internet


Chronologie

  • 529 : fondation du monastère du Mont Cassin - Berceau de l'ordre des bénédictins ([3]) et [4]
  • 534 : rédaction de la règle bénédictine
  • 625 : fondation de l'abbaye royale de St Denis
  • 909 : fondation de Cluny
  • 950 : apparition art roman dans l'Europe méridionale
  • 1054 : schisme d'Orient
  • 1098 : fondation de Cîteaux
  • 1099 : prise de Jérusalem par les croisés
  • 1130 : apparition du gothique en Ile de France
  • 1209 : création ordre franciscain (ou ordre des frères mineurs)
  • 1215 : création ordre dominicain (ou ordre des prêcheurs)


  • Chronologie des croisades : [5]


Eglise : Fondements-Organisation-Fonctionnement

Fondements

La spiritualité catholique se fonde d'abord sur l'affirmation du dogme, construit par le pape et la hiérarchie épiscopale dans la phase de christianisation de l'Europe dès le IVème s., en s'appuyant sur la vie de Jésus et les textes sacrés : Le Nouveau Testament complète L'Ancien Testament. L'ensemble de ces textes sacrés sont regroupés sous l'appellation de Bible : textes de formes et d'époques très différentes qui vont probablement du XIIIème s. av. JC aux Ier ou IIème s. après JC.

Les débats philosophiques, théologiques, littéraires et historiques, conduits par des penseurs ("Pères de l'Eglise") en collaboration avec la papauté, élaborent une pensée religieuse complexe. Elle doit être un repère permanent pour les fidèles, afin de servir de guide à titre individuel et collectif pour partir à la recherche du Dieu des chrétiens. Elle entraîne des dynamiques de pensées et d'actions. En particulier une dynamique spirituelle et une dynamique artistique. Il s'agit de sauver son âme pour l'éternité et de participer à la Résurrection des Corps.


Organisation et Fonctionnement

L'Eglise contrôle la population par un encadrement efficace et hiérarchisé placé sous l'autorité du pape. Elu par les cardinaux, celui-ci affirme son indépendance à partir du XIème s. face aux puissants : seigneurs, rois et empereur. Il bénéficie d'une arme redoutable, l'excommunication.

Les clercs se répartissent entre le clergé régulier et séculier. Les réguliers se regroupent entre eux, observent une règle de vie et vivent en communauté comme les moines. Les séculiers vivent dans le siècle, au milieu des fidèles, comme les prêtres ou les évêques.

Les évêques sont placés à la tête des diocèses (ou évêchés) subdivisés en paroisses. Ils célèbrent le culte dans l'église principale du diocèse, la cathédrale, et étendent leur autorité sur l'ensemble des clercs du diocèse. L'église peut prendre des formes différentes dans l'espace social : au centre des villages qui se développent aux alentours du IXè s., naissent de petites églises romanes à partir du Xè s. (milieu rural ou urbain) ; au coeur des villes-évêchés vont naître les grandes cathédrales romanes et plus tard gothiques qui se développent vers l'an mil jusqu'au XIVè s. Lieux de grandes cérémonies pour marquer les occasions particulières.

L'Eglise est riche grâce à la dîme, impôt en nature qui correspond en principe au dixième des récoltes, et grâce aux donations des fidèles. Les chrétiens sont soucieux d'assurer leur salut.


Point sur le monachisme

L'une des principales caractéristiques de l'Eglise médiévale est l'importance du monachisme : un ensemble de moines obéissant à la même règle forme un ordre. Ces hommes (ou femmes) choisissent de s'engager à vie, pour vivre ensemble leur foi chrétienne, avec voeux de pauvreté, chasteté, obéissance, souvent dans l'enfermement, afin de se consacrer à la prière, en chantant, lisant, traduisant, recopiant les textes anciens dont ils vont être les transmetteurs.


Les moines vivent au sein de monastères dirigés par un abbé, d'où leur autre nom d'abbayes. Un abbé élu, fait respecter la règle choisie (d'où le terme de clergé régulier). Un phénomène historique majeur de la 1ère partie du Moyen âge européen est le grand succès de la règle de St Benoît, moine italien du VIè s. C'est sans doute en raison du relatif équilibre dans les activités proposées (prières, travail intellectuel ou manuel, soins personnels), mais aussi du soutien de la papauté qui contribue par ses écrits à sa diffusion. La règle bénédictine est ensuite imposée à tous les monastères par les Carolingiens dans l'étendue de l'Empire de Charlemagne.


L'espace s'adapte aux différentes fonctions du temps monastique. Il comprend des espaces collectifs religieux dont l'église est le centre, des espaces de travail intellectuel avec le scriptorium et la bibliothèque, des espaces de vie : réfectoire et dortoirs. Le cloître, vaste galerie couverte, ouverte sur un jardin intérieur, permet de relier les différentes salles. Il est le centre de toute l'attention et devient un joyau architectural. La décoration romane privilégie la forme des arcatures, la symétrie des piliers et colonnes et la décoration des chapiteaux. L'art gothique prend le relais en faisant évoluer les formes.


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Dès le IXème s., les monastères sont des foyers artistiques qui font rayonner la culture sous ses différentes formes. L'enseignement des savoirs est considéré comme un art : les 7 arts libéraux. Il sont issus des cultures antiques (grammaire / dialectique / rhétorique / arithmétique / géométrie / astronomie / musique). Les moines apprennent et traduisent les langues anciennes et les textes de l'Antiquité, assurent la production de livres manuscrits sur parchemin et enluminés, reliés et ornés de toute beauté. Ils cisèlent des pièces d'orfévrerie témoignant de techniques et de qualités artistiques de grandes valeurs (psautiers, reliquaires...).


Plusieurs ordres se sont imposés au fil des siècles.


Ordre de Cluny

Fondé au Xème s. (vers 910), l'ordre de Cluny est au XIème s. à la tête de plus de 800 monastères et devient une puissance économique et politique. Il se réalise dans le cadre bénédictin. Les moines clunisiens accordent une importance particulière à la prière, au luxe et aux cérémonies somptueuses.

Ordre de Cîteaux

L'ordre est créé en 1098, toujours dans le cadre bénédictin. Il relève d'une volonté de retour aux sources et à l'austérité. L'ordre se développe au XIIème s (apogée jusque vers 1240). sous la direction de Bernard de Clairvaux. Chez les cisterciens, les bâtiments sont simples et dépouillés. Les monastères sont construits à l'écart du monde, dans des milieux reculés. Les moines contribuent ainsi à l'aménagement de l'espace rural par d'importants défrichages de forêts.

Ordres mendiants et prêcheurs

Au XIIIème s., de nouvelles communautés apparaissent. Réformes plus radicales par rapport aux autres ordres. Le monastère n'est plus le lieu d'action. C'est dans la rue, au coeur des villes, que s'exerce cette nouvelle forme de monachisme.

On y retrouve :

  • Les Ordres Mendiants de St François d'Assise (les Franciscains), fils d'un riche marchand italien. Ils contestent la puissance grandissante de l'argent dans la société ecclésiastique et laïque (pendant féminin : les Clarisses). Ces communautés ne vivent que d'aumônes.
  • Les ordres prêcheurs avec St Dominique (les Dominicains), espagnol, pour lutter contre les hérésies.


Présence de l'Eglise dans la vie médiévale occidentale

Le catholicisme est l'idéologie dominante et marque très profondément le Moyen Âge. De la naissance à la mort, la religion est présente à chaque instant de la vie des hommes du Moyen Âge. Les fêtes religieuses rythment l'année et la vie sociale des paroisses et des corporations.


L'église est au coeur des croyances (du spirituel...)

C'est un lieu sacré qui assure la même fonction au cours des siècles : fonctions religieuses, lieu de prières qui rassemble la communauté des chrétiens pour rendre grâce à Dieu, par l'intermédiaire de Jésus-Christ et de sa mère Marie. La croyance au Christ fait de sa vie et de son enseignement un modèle pour le chrétien et est utilisée comme un mythe fondateur ; la croix sur laquelle il meurt de façon dramatique (la Crucifixion) devient le symbole de l'adhésion et signe de reconnaissance. Elle devient aussi le plan de base du temple marquant ainsi l'espace, et orienté vers Jérusalem (Ouest/Est). La foi s'exprime ainsi par la prière, la pratique régulière, la vénération des reliques et les pélérinages qui conduisent les chrétiens vers Rome, Jérusalem ou Saint-Jacques-de-Compostelle.


C'est un lieu de culte qui rythme le temps des croyants : dans le temps journalier mis sous la protection d'un saint ; dans le temps hebdomadaire avec le dimanche et l'obligation de faire de cette journée un moment de réflexion et de pratiques religieuses ; dans le temps de l'année avec les fêtes religieuses (temps annuel qui commémore les événements de 33 ans du Christ et génère le calendrier chrétien) ; par le temps personnel des individus (7 sacrements du baptême à l'extrême onction). Elle est ouverte à tous et tout est occasion de célébrations. La cloche est le marqueur du temps et le clocher, un repère dans l'espace.


C'est le siège de l'autorité du clergé. Le clergé s'instaure comme médiateur entre les chrétiens et Dieu. Le latin est la langue commune à toute la chrétienté en Europe.


C'est le lieu d'ancrage de la foi et un rempart contre les hérétiques. La parole de la hiérarchie est le guide pour l'interprétation des textes, la conduite de la vie spirituelle de chacun ou les projets collectifs. Lieu qui abrite les saintes reliques, d'où sont lancés les appels à la croisade. C'est de là que les fidèles sont appelés à lutter contre les infidèles. C'est aussi une étape pour les pélerinages. Elle devient alors une hôtellerie et plus tard hôpital.


C'est la maison du peuple : lieu de rencontres, de discussions, d'échanges des fidèles. Le parvis joue aussi ce rôle et peut être utilisé pour les mises en scènes théâtrales ou les processions.


La construction des édifices religieux devient donc qui est l'aboutissement de l'épanouissement de la pensée spirituelle catholique. Elle est la trace visible et marquante de la relation des croyants avec Dieu, dans une société dans laquelle la religion est le lien social puissant qui assure la cohérence du groupe.


L'Eglise est au coeur de la société médiévale (... au temporel)

Les 1ères écoles naissent dans les monastères qui recrutent les meilleurs éléments pour le service religieux. A l'initiative de Charlemagne, chaque évêque est tenu d'ouvrir une école au "chapitre", dont les chanoines fournissent les maîtres. Avec le développement urbain du partir du XXème s., les petites écoles essaiment dans la ville, toujours sous l'autorité épiscopale. A partir du XIIIème s., les universités rayonnent dans toute l'Europe (Paris, Bologne, Oxford, Montpellier tout particulièrement). On y enseigne la théologie, le droit, la médecine.


Au niveau économique : les chrétiens poursuivent un idéal de pauvreté et de partage des richesses, mais se trouvent face à des contradictions sur le développement de l'Eglise Catholique Romaine : l'argent est indispensable au financement du fonctionnement général et aux constructions multiples. Il va devenir une préoccupation centrale. L'Eglise développe la richesse de l'Europe et l'Europe développe la richesse de l'Eglise. Lors de leur expansion, les communautés monastiques s'installent dans des régions rurales et isolées qu'ils défrichent et mettent en valeur. Des courants commerciaux se mettent en place aux alentours de l'an mil : céréales, animaux, bois, vins... enrichissent les communautés qui ne produisent plus seulement pour elles-mêmes. Par ex., le développement des vignobles européens au XIIème s. est l'oeuvre des moines. Viennent ensuite les recherches pour développer les techniques de productions d'énergies (moulins à eau / vent) et enfin des techniques de développement d'une industrie artisanale (forges). On leur doit en grande partie l'aménagement des paysages ruraux européens. Dans les villes, les églises et cathédrales disposent de revenus fonciers et de domaines ruraux très vastes.


Au niveau politique : la terre est une source de richesse, mais elle est aussi à l'époque l'assise du pouvoir politique (société féodo-vassalique). L'enjeu territorial est donc permanent. Et l'Eglise cherche à étendre son influence en se liant au pouvoir politique :

  • Au niveau local (phase émiettement politique du IXème au X/XIème s.), elle superpose pour les seigneurs des rites religieux aux rites vassaliques (cérémonies de l'hommage ou de l'adoubement). Les grands abbés, évêques sont d'ailleurs recrutés dans ces familles pour renforcer le lien. Les établissements religieux disposent en outre de domaines ruraux et exercent les pouvoirs politiques qui s'y rattachent. Ils sont à ce titre complètement intégrés au système féodal et sont des seigneurs.
  • Au niveau européen : l'Eglise a un pouvoir centralisé à Rome. Elle s'appuie sur ce pouvoir.
  • Les papes et l'épiscopat soutiennent les rois, en France et les rois soutiennent la papauté. Même si parfois les rapports sont conflictuels.


Au niveau social : groupe sacralisé par sa fonction religieuse, le clergé est placé au sommet de la hiérarchie sociale. Ce poids social le rend incontournable.

  • L'individu n'a de reconnaissance sociale que religieuse (du baptême à l'extrême onction). Un état civil est inconcevable dans cette société.
  • L'Eglise se comporte comme un modérateur social. Elle propose une vie meilleure après la mort. L'horizon du futur détourne les problèmes du présent. Les explosions sociales sont évitées.


L'art médiéval

L'art médiéval est essentiellement monumental. La peinture et la sculpture ont pour principale fonction de décorer les constructions. C'est un art religieux. On construit des abbayes, des églises, des cathédrales. L'art médiéval a aussi une volonté pédagogique : les peintures et la sculptures qui ornent les églises donnent un enseignement. Cette situation va évoluer avec l'arrivée du gothique et des hautes cathédrales sur les murs desquelles les croyants ne peuvent plus lire les histoires de la Bible.

Entre les IXème et XIIIème s., l'imbrication entre les croyances et les arts est donc totale parce que la vie terrestre est imprégnée de l'espérance du ciel. Sous de multiples influences, cette dynamique va s'atténuer et l'élan créateur s'amoindrir.


La fièvre bâtisseuse

Autour de l'an mil, vif élan de construction d'édifices religieux. C'est la fièvre des chantiers qui saisit toute l'Europe Catholique. Elle veut traduire la pensée chrétienne par des monuments dans une recherche de perfection permanente. Ainsi apparaissent les monastères dès le VIè s puis au XIè s quand l'Europe entre dans une période de croissance, quand augmente la population et que les conditions de vie s'améliorent, la phase de construction d'églises et de cathédrales s'emplifient pour constituer un maillage religieux qui marque le territoire. En France, 80 grandes cathédrales, plus de 500 églises, des milliers d'églises paroissiales, des centaines d'abbayes ont été construites en 3 siècles.


Les acteurs sont multiples :

  • Les initiatives reviennent souvent aux religieux ("grands abbés bâtisseurs") partout en Europe chrétienne. Furent particulièrement actifs les Bénédictins, les Clunisiens (1400 monastères en Europe) et les Cisterciens (500 en Europe). Deux personnages incontournables : Saint Bernard dans l'Ordre de Cîteaux en 1112 qui suscite par ses convictions et son charisme un mouvement de renouveau mystique de grande ampleur (plus de 300 constructions de son vivant). Suger, abbé de St Denis (1121/1151) se consacre à la reconstruction de l'abbaye pour en faire la plus belle réalisation du moment à la gloire de Dieu et des rois de France donc c'est la nécropole ([Cf. http://architecture.relig.free.fr/denis.htm]). Les prêtres et évêques s'engagent également, ainsi que les papes à Rome et à Avignon).
  • Tous les grands féodaux laïcs, seigneurs et nobles, princes, rois et reines rassemblent des fonds pour se faire pardonner leurs péchés et ainsi sauver leurs âmes. En plus de tous les anonymes : Cf. les vitraux de Chartres qui mettent en scène des boulangers, bouchers et autres commerçants. Avec le développement des villes au XIIè s., la bourgeoisie urbaine a voulu montrer sa ferveur mais aussi sa puissance et sa richesse : les cathédrales ne sont plus seulement des signes religieux mais les signes de son pouvoir économique et social qui ne fait que croître sur les derniers siècles.
  • Pour la mise en oeuvre, de nombreux corps de métiers contribuent. Beaucoup de documents, livres à ce sujet. Cf. notamment Les carnets de Villard de Honnecourt : [6]. Les techniques utilisées supposent des personnels compétents et formés. Les ouvriers spécialisés bénéficient d'un long apprentissage très encadré. Les métiers appelés plus tard "corporations", s'organisent suivant leurs propres règles. Des confréries, qui assurent aussi les secours mutuels, placées sous la protection d'un saint patron les complètent.


Une volonté de faire du beau

Dans ce désir mystique de glorifier Dieu et de sauver son âme, développer une éducation esthétique fait appel à la sensibilité des artistes pour toucher les croyants et favoriser l'expression des émotions des fidèles. La religion catholique imprègne tout le mouvement artistique, dans toutes ses manifestations ; l'art est au service de la religion.


On cherche à toucher les émotions des fidèles pour créer un contexte favorable au recueillement mystique. Tous les sens sont appelés (pour formes, lumière, lectures, chants, encens, matériaux, reliques...). Tous les ouvriers reçoivent une éducation artistique, notamment les maçons (démarche mystique et culturelle qui donne naissance de la Franc-maçonnerie au XVIIè s.).


Le beau doit être signifiant. La représentation symbolique est une source importante de l'inspiration créatrice. Les milieux intellectuels catholiques ont manié les symboles pour formuler la pensée, mais aussi comme outil pédagogique de vulgarisation de la Bible à l'usage des populations qui ne savaient pas lire.


Exemples de thèmes fondateurs

  • Ascension du Christ : modèle d'étapes à franchir pour l'homme pour s'élever vers la maison du père ;
  • La nativité de Jésus dans la crêche : représentation qui suscite de l'émotion ;
  • La mort par Crucifixion : pour faire éprouver des sentiments de peine ;
  • Le Jugement Dernier et la Résurrection : moment crucial pour tous croyants. Peur de la punition et rencontre définitive avec Dieu ;
  • Autres : lumière, feu, pain, vin, agneau, attitudes et positions, nombres (3 pour la trinité, 4 pour les évangélistes, 12 pour les apôtres)... etc.


Quand les constructions religieuses s'élèvent en hauteur en passant du roman au gothique, les représentations ne sont plus ni visibles, ni lisibles. Par ailleurs, l'habitude prise de représenter des scènes de la vie du Christ ou des hommes a donné naissance à des figurations qui n'avaient plus rien de religieux. Cette dérive fut une des raisons des débats sur l'image dans la religion chrétienne avec des approches différentes entre les églises d'orient et d'occident.


Différentes périodes créatrices

En France, c'est la prise de conscience du XIXè s. qui a suscité une mobilisation culturelle de sauvegarde et de restauration des monuments. Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques et Viollet le Duc, architecte, en sont les acteurs les plus connus.


Art carolingien

"La période carolingienne est empreinte d'une volonté de synthèse et d'unification entre le monde barbare et l'influence romaine, tant sur le plan politique que sur le plan artistique. La renaissance carolingienne s'inspire fortement de l'art de la Haute Antiquité en construisant des édifices à plan centré et basilical, comme à Aix-la Chapelle ou Germiny-des-Prés (Loiret). Le principal signe distinctif est la présence de deux chevets symétriques (et donc deux choeurs), comme à Fulda. En revanche, la sculpture ornementale proprement carolingienne est réduite, du fait de la réutilisation de réalisations antérieures. Il reste peu de traces des mosaïques et peintures, probablement plus présentes" : citation de [7]


Art Ottonien

Il reprend les acquis architecturaux de l'art carolingien en y ajoutant des éléments décoratifs d'inspiration byzantine, dans le but de glorifier le Saint Empire romain germanique. On trouve donc des édifices à deux chevets symétriques (mais le plan centré est abandonné), avec un mobilier et des ornements byzantins. Extérieurement, on adjoint aux églises des tours et des clochers :'citation' de [http://architecture.relig.free.fr/arch_ma.htm]


Art roman

Du milieu du XIè s. au milieu du XIIè s. se répand d'un art dit roman car il emprunte de nombreux éléments à l'art romain, surtout dans le domaine de l'architecture. Dans ces églises basses et peu éclairées, le plan en croix latine remplace le plan basilical. De nombreuses abbayes sont construites. Les sculptures prennent une place primordiale et demeurent aujourd'hui encore de nombreux vestiges visibles. Par contre, en raison des techniques à l'eau utilisées, il reste peu de peintures qui décoraient les murs intérieurs ou les façades. Ex. exceptionnel : St Savin/Gartempe dans la Vienne ([8]).


Exemples :

  • Europe : la cathédrale et le campanile de Pise en Italie, St Martin à Cologne en Allemagne. Autres : [9]
  • France : St Pierre de Carennac en Midi-Pyrénées ([10]) ; Saint Martin d'Etampes en Ile de France ([11]).
  • Rhône-Alpes : Saint Paul Trois Chateaux à Saint Paul des Trois Chateaux dans la Drôme ([12].


Art gothique

L'art gothique (nommé ainsi par Michel Ange mais d'abord appelé "art français") est né au coeur du royaume de France. Il succède à l'art roman au milieu du XIIème s. et s'épanouit au XIIIème s.


Ce mouvement architectural a été initié à l'abbaye de St Denis ([13]). Il s'étend à toute l'Ile de France. De grandes cathédrales sont construites en auréole autour de la capitale (Amiens, Laon, Reims, Beauvais, Chartres) puis à tout le territoire français et plus tard en Italie du Nord (Milan, Venise), en Allemagne (Cologne), en Angleterre (Westminster, Canterbury).


Cet art est l'héritier de l'art roman dans ses grands principes : liaison du sacré et du temporel, rôle du symbolisme, plan en croix, utilisations des techniques et des matériaux de constructions. Ce nouvel art est toujours l'expression de la ferveur d'une population urbaine, mais clergé et bourgeois veulent utiliser la richesse pour la gloire de Dieu. D'où des édifices plus longs (pratiquement le double), plus larges, plus hauts (5 à 10 m de plus), plus décorés (plus de statues sur les façades, des personnages en mouvement, des expressions du visage remarquables), plus innovants dans la construction (nouvelles techniques de construction des voûtes en croisée d'ogives, plus de lumière, fenêtres avec des verrières, plus de circonvolutions [enroulement autour d'un axe central] dans les façades en allant sur le gothique flamboyant). L'entreprise est donc plus coûteuse, plus longue parfois.


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Mais ces plus deviennent des trop. Les croyants se sentent perdus dans des espaces surdimensionnés où ils ne peuvent plus lire les chapiteaux trop hauts. Ce n'est plus la religion qui prime ; la cathédrale perd une partie de son sens.


Exemples :

  • Europe : Cf. [14]
  • France : Cathédrale Notre-Dame d'Amiens ([15]), la Sainte Chapelle à Paris ([16])


  • Initiation à l'architecture médiévale + glossaire : [17]
  • Nombreux ex. architectures romanes et gothiques : [18]



Eléments de synthèse sur l'Eglise à cette période

Impliquée dans tous les pouvoirs, religieux, économiques politiques, la religion catholique connaît un apogée pendant plusieurs siècles. Elle imprègne profondément les mentalités. Elle a marqué la culture médiévale au point d'en faire une civilisation profondément chrétienne.


En 1054, après de nombreuses crises et des évolutions liturgiques divergentes, les Eglises d'Orient et d'Occident se séparent définitivement. Le schisme ([19]) voit le pape et le patriarche de Constantinople s'excommunier mutuellement.


Du XIème au XIIIème s., l'Eglise se fait conquérante et s'attaque à l'Islam (croisades et Reconquista), alors que le tribunal de l'Inquisition pourchasse les hérétiques comme les Cathares. Sur les croisades : [20]


C'est à la fin du XIIIème s. (vers 1270) que G. Duby situe la crise de la pensée catholique avec : la redécouverte de la pensée d'Aristote, l'échec de la Croisade, l'apparition des premiers portulans (cartes nautiques : [21]) et la relation du voyage de Marco Polo ([22]) qui commence à changer la vision du monde. Des contestations naissent au sein même de l'institution sur le dogme, ses croyances, ses rites, son clergé, son fonctionnement, sa richesse...

A partir du XIVè s. (guerre de cent ans, épidémies de peste), l'Eglise catholique n'est plus capable de poursuivre l'expansion (sauf en Espagne). Elle entre dans une période de crises internes plus importantes que les précédentes avec une orientation des pratiques plus austères, davantage tournées vers la contrition, le repentir et la mortification. La montée des contestations est inexorable : celle des protestants notamment est la plus argumentée, la plus cohérente et annonce les ruptures du XVIème s.


Ce qu'il faut vraiment retenir

  • L'imprégnation de la religion catholique dans la société médiévale occidentale à tous les niveaux.
  • En particulier, le rôle des moines aux niveaux culturel (transmission de notre patrimoine) et économique (aménagement du territoire).


Lexique


Enjeux apprentissage (approche personnelle)

  • Travail sur le danger de la confusion des pouvoirs, l'intolérance religieuse.
  • Prise de conscience que nombre de nos fondements culturels viennent de cette époque.
  • Comparaison entre notre société actuelle "laïque" et celle du Moyen Âge, religieuse avant tout. En comprendre les raisons.