Fonctionnement du système (Freesette) : Différence entre versions

De CRPE
(Le système logogrammique)
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Il faut ajouter à ce que nous venons d'étudier le '''domaine extra-alphabétique''' constitué par des éléments très divers allant de la ponctuation à la mise en page, les blancs graphiques, les symboles, les chiffres qui sont autant d''''idéogrammes''' (expression de Nina Catach) car leur fonction n'est jamais de transcrire un phonème. Ce domaine donne des indications très précieuses aux élèves :
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* leur fonction et leur valeur sont vite repérées par les enfants, même très jeunes ;
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* ils mettent nettement en évidence la dimension idéographique de notre système ;
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* leur présence est essentielle à un bon fonctionnement textuel : leur absence peut constituer une gêne sensible pour la compréhension.
  
 
=='''La valeur des lettres'''==
 
=='''La valeur des lettres'''==

Version du 19 octobre 2006 à 21:03

L'orthographe du français

Parler du système graphique français, c'est aborder les problèmes de l'écriture du français.

Différents types d'écriture

  • le système pictographique : permet d'exprimer des idées au moyen de scènes figurées ou symboliques. Ex : code de la route.
  • le système idéographique : le signe graphique représente un mot de la langue. Système adopté par le chinois. Signes très nombreux.

Dans ces deux cas, il n'y a pas de passage par des signes linguistiques.

  • le système phonographique et alphabétique : avec un nombre limité de signes, il y a des possibilités infinies de faire des mots.

Le système alphabétique n'est pas "meilleur", mais est un système efficace et économique.

Où sont les difficultés

L'écriture phonographique idéale serait qu'à un phonème corresponde un graphème = qu'un son s'écrive toujours de la même façon. Il y aurait alors "bi-univocité". Quelques systèmes alphabétiques se rapprochent de cet idéal : finnois, serbo-croate, italien, espagnol. On dit que ces langues ont une orthographe transparente.

D'autres s'en éloignent fortement : anglais, français. Elles ont alors une orthographe dite opaque. On comprend mieux pourquoi l'orthographe constitue un réel problème d'enseignement en France.

Provenances des difficultés : de l'origine latine. Le latin était pauvre en graphème (23 seulement ; 21 en fait car le z et le y sont venus du grec), mais son alphabet correspondait au nombre relativement réduit de phonèmes. Le déficit en graphèmes est le problème de toutes les langues écrites avec l'alphabet latin mais la plupart ont su construire un système cohérent. Les solutions françaises ont été moins efficaces.

Evolution

Des améliorations ont été apportées au cours des siècles :

  • Introduction de lettres : le "j" est introduit à la Renaissance. Le "w" apparaît au début du XXème s., mais c'est une lettre improductive dans la mesure où elle se contente de doubler le "v" dans les mots français.
  • Différenciation du "v" et du "u" qui correspondaient à des variations graphiques de la même lettre latine.
  • Création de signes diacritiques : les accents. A partir du XVIème s. apparaissent les 3 accents, la cédille et le tréma grâce aux imprimeurs qui comptent lever les ambiguïtés.
  • Combinaison de graphèmes : création de digrammes qui rendent le système plus opératoire. Aux graphèmes simples (u, a, o, m, t, r, ...), s'ajoutent les digrammes : ou, eu, an, on, un, in, gn, ch.
     Digramme : groupe de deux lettres servant à transcrire un phonème. Chaque 
     lettre prise séparément ayant perdu sa valeur habituelle.

Quelques problèmes cependant :

  • des mots comme "tohu-bohu", "cohue" : le "h" évite la rencontre du "o" et du "u" qui ferait [u]. Même problème avec "ébahi". On dit que le "h" a une valeur anticoagulante. Le tréma a la même fonction dans "haïr".
  • la création des digrammes n'a pas évité des doublons inutiles : en/an ai/ei.
  • le cas de "oi", seul digramme à traduire un groupe phonique [wa].
  • on parle aussi de trigramme dans le cas de "ill" qui transcrit un seul phonème [j] de feuillage.

Il y a d'autres trigrammes : "ain", "eau"... Pour le concours, on reste sur la définition qu'un digramme est un ensemble de deux lettres et un trigramme, un ensemble de 3 lettres.

   Le graphème : à ne pas confondre avec la lettre. Le graphème peut être une
   lettre mais aussi un groupe de lettres, une lettre accentuée ou pourvue d'un signe 
   auxiliaire. Les notions de lettre et de graphème ne se superposent donc pas.

Le plurisystème graphique français

Description du système linguistique faite par Nina Catach (Historienne, linguiste, CNRS) : le système graphique est complexe, mais régulier et cohérent, structuré et pluriel. Voilà pourquoi elle parle de plurisystème.

La langue fonctionne avec 3 systèmes :

  • le système phonogrammique selon lequel les unités de l'écrit notent les unités de l'oral.
  • le système morphogrammique selon lequel les unités de l'écrit donnent des informations grammaticales et lexicales.
  • le système logogrammique selon lequel les unités de l'écrit permettent de distinguer les mots homophones.

A chaque systèmes, ses graphèmes : les phonogrammes / morphogrammes / logogrammes.


Le système phonogrammique

Une large partie des graphèmes sont chargées de transcrire les phonèmes. La langue française est à 85% phonogrammique = elle code l'oral. 85% des graphèmes sont donc des phonogrammes = ils transcrivent des sons.

  • "Papa" : 4 graphèmes p/a/p/a qui codent très exactement 4 phonèmes [papa]. Ces 4 graphèmes son bien des phonogrammes.
  • "Cafés" : 5 graphèmes c/a/f/é/s. Le dernier graphème n'est pas prononcé. Ce n'est donc pas un phonogramme.

Le système morphogrammique

Le "s" du pluriel de "cafés" est un morphogramme, il ajoute une information autre que celle relative au son. Il annonce le pluriel. Tous les mots qui appartiennent à la classe des noms, des adjectifs, des pronoms, des verbes obéissent à des règles d'accord qui concernent le nombre, le genre, les variations de personnes, les désinences pour les verbes... Ces mots ont en finale un ou plusieurs graphèmes qui ne sont pas audibles et qui donnent pourtant une information grammaticale.

On différencie :

  • les morphogrammes grammaticaux : ils sont porteurs d'une signification morphosyntaxique (marque du nombre, désinence, personne...).
  • les morphogrammes lexicaux : ils sont porteurs d'une signification lexicale qui établit un lien visuel entre les radicaux et les dérivés. Ex. : dans "rang", le "g" ne se prononce pas, il renseigne sur la famille : ranger/rangement.

Le système n'est pas rigoureux : on trouve des séries hors norme tabac/tabagie/tabatière... Mais ces séries sont très peu nombreuses et il vaut mieux, pédagogiquement, focaliser son attention sur les régularités.

Le système logogrammique

Système qui permet de distinguer graphiquement les homophones. Le mot thym se différencie nettement de teint ou tain. La graphie même renvoie à une réalité différente.

Les graphèmes distinctifs :

  • parfois des lettres étymologiques ou historiques récupérées à des fins distinctives ;
  • des accents : a/à, ou/où ;
  • des variantes graphiques : tente/tante ; encre/ancre ; repère/repaire ;
  • certains morphogrammes lexicaux ont aussi une valeur logogrammique : le "d" de bond renvoie à la famille de bondir mais sert aussi à opposer les mots bond/bon.

Comme pour les morphogrammes, on distingue :

  • les logogrammes lexicaux qui renvoient à des oppositions affectant le lexique : bon/bond, repère/repaire.
  • les logogrammes grammaticaux : sont/son,a/à, et/est, ou/où.

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Il faut ajouter à ce que nous venons d'étudier le domaine extra-alphabétique constitué par des éléments très divers allant de la ponctuation à la mise en page, les blancs graphiques, les symboles, les chiffres qui sont autant d'idéogrammes (expression de Nina Catach) car leur fonction n'est jamais de transcrire un phonème. Ce domaine donne des indications très précieuses aux élèves :

  • leur fonction et leur valeur sont vite repérées par les enfants, même très jeunes ;
  • ils mettent nettement en évidence la dimension idéographique de notre système ;
  • leur présence est essentielle à un bon fonctionnement textuel : leur absence peut constituer une gêne sensible pour la compréhension.

La valeur des lettres

Valeur de base

Valeur de position

Valeur auxiliaire

Valeur zéro

Les digrammes