L'acquisition du langage (Freesette)

De CRPE
Révision de 22 septembre 2006 à 10:14 par Freesette (discussion | contributions) (Vers l'acquisition des phonèmes)

Apprentissage dans et par la communication

Jean Bruner s'est particulièrement intéressé à l'acquisition du langage et la capacité pour un enfant de désigner les choses. Ces désignations ne naissent pas spontanément. Selon lui, elles sont intégrées dans des "scénarios" ou "formats", des petites scènes ludiques, ritualisées et structurées, entièrement créées par la mère et l'entourage. Ces scénarios sont de véritables lieux d'échanges. L'enfant apprend à parler en interagissant activement y compris dans les phases pré-linguistiques.

Le scénario de référence

  • la mère introduit entre elle et le bébé un objet qu'elle désigne avec des intonations montantes particulières : "Regarde la jolie poupée". Cette objet devient la cible de leur attention conjointe (concept important pour Bruner). Entre 8 et 10 mois, la mère après un regard prolongé avec l'enfant, se contente de regarder un objet un peu plus éloigné avec une expression du type "Oh regarde ! Qu'est-ce-que c'est ?". L'enfant suit le regard de sa mère pour trouver l'objet cible.
  • L'étape suivant intervient quant l'enfant montre du doigt ou du bras demi-tendu l'objet choisi. Le geste se ritualise, accompagné de vocalises ou de formes phonétiques plus ou moins stables. Son tour de parole est respecté.
  • Le scénario se complexifie au fur et à mesure des acquisitions linguistiques et communicationnelles de l'enfant. Sur l'objet désigné avec aisance par l'enfant, se grefferont plus tard des commentaires, d'autres questions : qu'est-ce qu'il fait ?
  • Ensuite la référence se portera sur des objets absents, sur ce qui se fait, sur ce qui se dit, sur le langage lui-même. C'est ainsi que l'enfant apprendra à catégoriser, à créer le monde entier à l'aide de mots et à s'inscrire culturellement dans une communauté linguistique.

Il y a d'autres scénarios que celui de référence. Notamment des scénarios de jeux (coucou, cache-cache, échange d'objets...), tout aussi ritualisés, où se réalisent les premières formes de communication. Sur une structure profonde immuable (apparition-disparition d'un objet, par ex.), se jouent des variations innombrables sur l'intonation, le lexique, les rôles qui peuvent permuter...

Le rôle de l'adulte est majeur car il crèe des cadres et s'adapte aux compétences de l'enfant, le sollicitant pour le faire accéder à des étapes supérieures. Bruner parle d'étayage. Concept qui peut largement être étendu au domaine scolaire et aux actions exercées par les maîtres.

Les étapes de la construction du langage

Vers l'acquisition des phonèmes

  • La perception : elle commence avant la naissance, dans le ventre maternel. Les trois derniers mois de la grossesse, le bébé in utero reçoit de nombreuses stimulations auditives et langagières. Ce qui explique que dès la naissance, il est capable de différencier la voix de sa mère des autres.
  • Phase de production : le nourrisson produit d'abord des cris, des pleurs, des sons végétatifs (toux, renvoi, déglutition). Ce sont des formes élémentaires et inorganisées d'activité vocale.
  • Babil : Fin du 2ème mois, en situation de confort. Phase qui coïncide avec le sourire et le proto-dialogue avec la mère. A la naissance, l'enfant a la possibilité d'apprendre n'importe quelle langue. Peu à peu l'entourage exerce son influence. Généralement dans les différentes langues étudiées, le a inaugure les voyelles, le p et le m les consonnes ce qui explique la production précoce et attendue par les parents de mama et papa...
  • Différenciation progressive des phonèmes très rapide après 18 mois. L'ordre d'acquisition varie d'un enfant à l'autre dans une même langue. Les voyelles nasales apparaissent plus tardivement. Pour les consonnes, [t],[k],[b],[d],[g] arrivent en premier. Vers trois ans et plus sont prononcés correctement [ʃ], [ʒ], [z] et [s]. Les enfants procèdent pendant longtemps à des simplifications ou des