Outils grammaticaux en vue de la production de texte : la désignation (Freesette) : Différence entre versions

De CRPE
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
Passer d'une grammaire portant sur la phrase à une centrée sur le texte n'est pas seulement un changement d'unité de travail, c'est aussi un changement de préoccupation. Dans l'analyse, il faut développer des notions originales qui permettent de rendre compte de l'organisation du texte.
 
Passer d'une grammaire portant sur la phrase à une centrée sur le texte n'est pas seulement un changement d'unité de travail, c'est aussi un changement de préoccupation. Dans l'analyse, il faut développer des notions originales qui permettent de rendre compte de l'organisation du texte.
  
A côté des unités présentées précédemment, on trouve des références à la notion '''d'énoncé''' qui renvoie directement au '''concept d'énonciation'''. Quand on dispose des deux termes (phrase et énoncé), la phrase est vue comme une unité de grammairien.
+
A côté des unités présentées précédemment, on trouve des références à la notion '''d'énoncé''' qui renvoie directement au '''concept d'énonciation'''. Quand on dispose des deux termes (phrase et énoncé), la phrase est vue comme une unité de grammairien. Elle est définie à partir de caractéristiques syntaxiques. L'énoncé correspond à la réalisation dans un contexte particulier d'une phrase.
 +
 
 +
L'un des concepts clés de la linguistique textuelle est la '''notion de cohérence'''. La cohérence est liée à l'interprétation du texte que le lecteur peut fournir. Elle a donc à voir en particulier avec le sens, la conformité que l'univers met en place, les connaissances du lecteur.
 +
 
 +
[[Media: Exemple Planche de Schulz.jpg]] <br />
 +
L'aspect le plus frappant concerne l'absence des '''marques linguistiques de continuité''' entre les phrases successives. Aucun des noms apparus dans ce texte n'est repris un peu plus loin par un pronom. Il manque des '''relations anaphoriques'''. Chaque phrase introduit un nouvel élément (personnage, objet, événement...). Or, habituellement un élément nouveau est repris et change de statut (il va être traité comme un élément connu). Ce texte offre une structure atypique dans laquelle le lecteur est constamment en présence  d'éléments inconnus. C'est la notion de '''progression thématique''' qui permet de traiter cet aspect.
 +
 
 +
'''Relations anaphoriques''' et '''Progression thématique''' sont les éléments qui contribuent le plus fortement à rendre un texte cohérent, à permettre au lecteur de percevoir une unité d'ensemble.
 +
 
 +
A l'inverse, un certain nombres de paramètres incitent le lecteur à voir dans cette suite un ensemble. Le 1er concerne les temps verbaux. Cette logique dans l'emploi des temps est respectée, mais elle tourne à vide et ne parvient pas à contrebalancer l'incohérence du contenu. Un deuxième facteur tient aux outils grammaticaux qui relient les phrases entre elles. Ici, ils sont réduits et ce sont principalement des adverbes ou des locutions temporelles qui, placés en début de phrase, établissent ce lien : soudain, tout à coup, pendant ce temps... Cette organisation du texte relève de la '''cohésion'''. La cohésion entre les phrases (ou cohésion interphrastique) peut passer par des outils grammaticaux comme les connecteurs. Les liens peuvent aussi reposer sur le lexique ou sur l'implicite. Dans le texte, la succession "Une porte claqua. La bonne cria." incite le lecteur à établir un lien (de cause à effet) entre ces deux événements.

Version du 11 octobre 2006 à 07:55

Passer d'une grammaire portant sur la phrase à une centrée sur le texte n'est pas seulement un changement d'unité de travail, c'est aussi un changement de préoccupation. Dans l'analyse, il faut développer des notions originales qui permettent de rendre compte de l'organisation du texte.

A côté des unités présentées précédemment, on trouve des références à la notion d'énoncé qui renvoie directement au concept d'énonciation. Quand on dispose des deux termes (phrase et énoncé), la phrase est vue comme une unité de grammairien. Elle est définie à partir de caractéristiques syntaxiques. L'énoncé correspond à la réalisation dans un contexte particulier d'une phrase.

L'un des concepts clés de la linguistique textuelle est la notion de cohérence. La cohérence est liée à l'interprétation du texte que le lecteur peut fournir. Elle a donc à voir en particulier avec le sens, la conformité que l'univers met en place, les connaissances du lecteur.

Media: Exemple Planche de Schulz.jpg
L'aspect le plus frappant concerne l'absence des marques linguistiques de continuité entre les phrases successives. Aucun des noms apparus dans ce texte n'est repris un peu plus loin par un pronom. Il manque des relations anaphoriques. Chaque phrase introduit un nouvel élément (personnage, objet, événement...). Or, habituellement un élément nouveau est repris et change de statut (il va être traité comme un élément connu). Ce texte offre une structure atypique dans laquelle le lecteur est constamment en présence d'éléments inconnus. C'est la notion de progression thématique qui permet de traiter cet aspect.

Relations anaphoriques et Progression thématique sont les éléments qui contribuent le plus fortement à rendre un texte cohérent, à permettre au lecteur de percevoir une unité d'ensemble.

A l'inverse, un certain nombres de paramètres incitent le lecteur à voir dans cette suite un ensemble. Le 1er concerne les temps verbaux. Cette logique dans l'emploi des temps est respectée, mais elle tourne à vide et ne parvient pas à contrebalancer l'incohérence du contenu. Un deuxième facteur tient aux outils grammaticaux qui relient les phrases entre elles. Ici, ils sont réduits et ce sont principalement des adverbes ou des locutions temporelles qui, placés en début de phrase, établissent ce lien : soudain, tout à coup, pendant ce temps... Cette organisation du texte relève de la cohésion. La cohésion entre les phrases (ou cohésion interphrastique) peut passer par des outils grammaticaux comme les connecteurs. Les liens peuvent aussi reposer sur le lexique ou sur l'implicite. Dans le texte, la succession "Une porte claqua. La bonne cria." incite le lecteur à établir un lien (de cause à effet) entre ces deux événements.