Pratiques différenciées selon les genres (Freesette)

De CRPE
Révision de 7 octobre 2006 à 16:43 par Freesette (discussion | contributions) (La poésie à l'école ?)

Selon les programmes, il est important de faire découvrir les genres aux élèves. Le doc. d'application LDJ cycle 3 affirme que les poèmes se lisent ou s'écoutent comme la prose ou le théâtre. Ils supposent le même travail de compréhension et conduisent aux mêmes "débats interprétatifs". Il est décisif de faire découvrir aux élèves que les oeuvres poétiques sont des livres comme les autres et supposent donc aussi un parcours éventuellement linéaire et cursif.

Cependant, s'il y a bien des points communs entre les genres et s'il existe des passerelles, on ne peut envisager le même traitement didactique que celui du récit, dominant.

La poésie

Des représentations tenaces

La poésie est très peu lue. C'est souvent à l'école qu'a lieu le seul et unique contact. Slon Jean-Pierre Siméon (poète et didacticien), il faut interroger son enseignement. La poésie est victime de plusieurs malentendus et relève chez les enfants 3 représentations acquises :

  • la poésie, c'est la rime : c'est une conception réductrice. Cela rejette une part considérable de la production poétique mondiale et la poésie française contemporaine. Le poème n'obéit pas à des critères si précis et exclusifs. Il ne suffit nullement d'appliquer une technique pour aboutir à un poème. D'autres systèmes formels existent comme l'assonance, la prose, le vers libre...
  • la poésie, c'est joli : enferme la poésie dans un sentimentalisme fade. La poésie cultive éventuellement l'impropriété du lexique, bouleverse la syntaxe et s'inspire du quotidien le plus rugueux.
  • la poésie, c'est le rêve, l'évasion : en réalité, la poésie est au coeur du réel. Le poète parle du réel à partir du réel.

Les voies d'entrée dans le texte poétique ?

Innombrables définitions de la poésie. Le texte poétique ne saurait se confondre avec les usages courants, simplement utilitaires ou véhiculaires de la langue car il est le lieu d'un travail particulier sur le langage considéré comme le matériau même de la création artistique. Autrement dit, la poésie n'existe pas sans "fonction poétique" (Roman Jakobson), c'est-à-dire sans que le message, le texte lui-même, ne soit l'objet d'une attention extrême. Pour dégager des pistes de travail en classe, il est utile d'essayer de cerner quelques caractéristiques linguistiques et textuelles de l'écrit poétique.

  • Une organisation spatiale : le poème est aussi une image. La présentation du poème dans la page installent un certain rapport au texte et à la lecture. La silhouette du poème peut être massive ou aérienne, régulière ou fantaisiste et participe aux effets de sens.
  • Les choix énonciatifs : alors que ceux-ci sont codés dans le discours courant et qu'ils obéissent à des règles relativement contraignantes selon les types de textes, ils résultent de la liberté la plus absolue du poète. Par ailleurs, la poésie contemporaine joue sur le flou référentiel.
  • Une organisation rythmique et prosodique : repose sur l'alternance régulière d'effets sensibles. Celle-ci s'appuie 1/ sur la succession de vers, par ex. décasyllabes, 2/ des constructions syntaxiques élaborées, 3/ une disposition typographique variée.
  • Une struture lexico-sémantique : la poésie essaie de donner aux mots leur pleine puissance, joue avec eux, et n'hésite pas à pratiquer des rencontres inattendues de signifiants ou de signifiés.
  • Des jeux rhétoriques : le travail sur les mots et le langage auquel se voue la poésie lui fait user abondamment des ressources de la rhétorique c'est-à-dire des figures de rhétorique ou des tropes. Les deux plus importantes : 1/ la métaphore : c'est une figure génératrice d'images ; 2/ la métonymie : alors que la métaphore est une fgure de la similitude, la métonymie est une figure de contiguïté.

La lecture du poème est tout autre chose qu'une lecture simplement linéaire et informative. Ce qui importe n'est pas de retrouver un sens voulu par le poète. Lire le poème, c'est circuler, y demeurer, rêver autour.

La poésie à l'école ?

Des activités qui datent : 1/ la poésie s'est longtemps confondue avec la récitation. Cet usage réduit la poésie à une performance de la mémoire, néglige le fait que la diction est un acte complexe qui s'apprend et oublie que la poésie doit aussi se lire, s'écouter et s'écrire. 2/ l'explication de texte.


Quelles approches promouvoir ? :

  • Côté réception : 1/ la lecture à haute voix de l'enseignant et sa relecture. Avec des poésies variées (vers classiques, vers libres, prose poétique, calligrammes, haïkus...). 2/ Lecture à haute voix des élèves. Expérimentation active de la voix et de ses effets, articulation entre l'effort fr compréhension et celui de la diction, épreuve du travail fait face à des auditoires variés.
  • Côté production : les instructions officielles engagent les enseignants à faire pratiquer l'écriture poétique. A envisager dans une interaction constante de la lecture et de l'écriure, voire avec d'autres disciplines : arts visuels, musique, danse... 1/ les jeux d'écriture poétique forme la modalité essentielle de l'approche de l'écriture