Quelques choix de départ (Freesette)

De CRPE
Révision de 9 octobre 2006 à 14:01 par Freesette (discussion | contributions) ('''Le problème des unités''')

Orientation ascendante / descendante

Pendant très longtemps, les grammaires présentaient un plan unique avec une orientation ascendante : on commençait par décrire les petites unités de la langue (lettres, diverses sortes de mots) avant d'aborder la phrase simple. Venait ensuite l'étude de la phrase complexe. Parfois, l'ouvrage se terminait par quelques pages sur le texte (littéraire). Plan classique.

Il y a quelques années, certains ouvrages ont suivi une démarche descendante dans laquelle on présente en premier les unités les plus vastes (la situation d'énonciation puis le texte) pour terminer par les mots.

Dans les deux cas, il ne s'agit pas seulement d'une présentation différente (on ne retrouve pas forcément les mêmes chapitres), mais plutôt d'une conception différente de ce à quoi doit servir la grammaire. De nouveaux domaines ont été annexés par la grammaire qui traite de points comme l'énonciation, les actes du langage, l'organisation des textes ou les types de discours.

Selon les présentations, les démarches d'apprentissage sont différentes : la démarche synthétique part de petites unités qui sont assemblées en ensembles plus vastes, la démarche analytique décompose un ensemble en unités inférieures.

Grammaire liée à l'analyse / à la production

  • le but est de permettre d'étiqueter. Tradition bien française. On ignore cet enseignement dans d'autres pays. Le souci majeur de cette approche consiste à gérer les problèmes orthographiques. L'objectif qui devrait être de bien écrire s'est longtemps limité à "bien orthographier". Cette approche n'a pas que des inconvénients : il est indispensable de connaître certains étiquetages de base pour éviter de conduire des analyses erronées, et c'est par ailleurs fort utile au concours...
  • La grammaire peut aussi être envisagée comme un outil d'aide à la production de textes (ou description). Orientation fortement défendue par les Programmes 2002.

Ces deux conceptions ont abouti à la dichotomie actuelle entre grammaire de phrase et grammaire de texte. Le CNED reprend les travaux de Combettes qui n'approuve pas cette terminologie et préfère les catégories suivantes :

  • une grammaire analytique qui cherche à identifier, étiqueter, classifier ;
  • une grammaire de production qui vise à fournir des outils liés à l'organisation des textes.

Pourtant ce sont bien les deux premières qui prévalent dans les manuels et pour le concours. Il est important d'aborder ces deux visions dans un esprit de "continuité" et non d'opposition.

Media: Récapitulatif des deux visions en grammaire.jpg

Le problème des unités

Les unités sont différentes selon que l'on se place en grammaire de texte (unité de base = texte) et la grammaire de phrase (unité de base = phrase).

La phrase

Elle est définie comme étant :

a/ Une unité graphique ou intonative. A l'écrit, elle commence par une majuscule et se termine par une ponctuation forte. A l'oral, contour intonatif (descendant dans les phrases déclaratives, ascendant dans certaines interrogatives).

b/ Une unité syntaxique : doit présenter une structure complète.

c/ Une unité sémantique : elle possède un sens complet.

Le critère a/ va devenir problématique quand on regarde des textes d'enfants. Le problème est qu'on glisse parfois du constat "il n'y a pas de phrase" au jugement "il n'y a pas de syntaxe". Pour mieux lire les textes d'enfants, il est préférable de disposer de la notion de phrase graphique qui est une unité objective définie sur un seul plan : une phrase graphique se termine par un point. Les enfants ne maîtrisent pas toujours la ponctuation, néanmoins, on peut les comprendre. Ces productions présentent donc une syntaxe satisfaisante.

Le critère b/ est parfois bousculé dans la presse ou la littérature. L'objectif étant de donner un rythme plus alerte aux textes produits (ex : "Et nous avions ri de nouveau. A peine. Sans conviction.") quitte à torture la notion de phrase. Dans de tels exemples, il faut généralement englober plusieurs phrases graphiques pour fabriquer une phrase syntaxiquement et sémantiquement acceptable.

Le critère c/ peut être délicat quand on lit des fictions...

Dans l'enseignement, il faut bien à un moment construire des critères avec les enfants et vérifier leur validité. On peut ensuite montrer qu'il y a une création verbale subversive.