Quelques choix de départ (Freesette)

De CRPE

Orientation ascendante / descendante

Pendant très longtemps, les grammaires présentaient un plan unique avec une orientation ascendante : on commençait par décrire les petites unités de la langue (lettres, diverses sortes de mots) avant d'aborder la phrase simple. Venait ensuite l'étude de la phrase complexe. Parfois, l'ouvrage se terminait par quelques pages sur le texte (littéraire). Plan classique.

Il y a quelques années, certains ouvrages ont suivi une démarche descendante dans laquelle on présente en premier les unités les plus vastes (la situation d'énonciation puis le texte) pour terminer par les mots.

Dans les deux cas, il ne s'agit pas seulement d'une présentation différente (on ne retrouve pas forcément les mêmes chapitres), mais plutôt d'une conception différente de ce à quoi doit servir la grammaire. De nouveaux domaines ont été annexés par la grammaire qui traite de points comme l'énonciation, les actes du langage, l'organisation des textes ou les types de discours.

Selon les présentations, les démarches d'apprentissage sont différentes : la démarche synthétique part de petites unités qui sont assemblées en ensembles plus vastes, la démarche analytique décompose un ensemble en unités inférieures.

Grammaire liée à l'analyse / à la production

  • le but est de permettre d'étiqueter. Tradition bien française. On ignore cet enseignement dans d'autres pays. Le souci majeur de cette approche consiste à gérer les problèmes orthographiques. L'objectif qui devrait être de bien écrire s'est longtemps limité à "bien orthographier". Cette approche n'a pas que des inconvénients : il est indispensable de connaître certains étiquetages de base pour éviter de conduire des analyses erronées, et c'est par ailleurs fort utile au concours...
  • La grammaire peut aussi être envisagée comme un outil d'aide à la production de textes (ou description). Orientation fortement défendue par les Programmes 2002.

Ces deux conceptions ont abouti à la dichotomie actuelle entre grammaire de phrase et grammaire de texte. Le CNED reprend les travaux de Combettes qui n'approuve pas cette terminologie et préfère les catégories suivantes :

  • une grammaire analytique qui cherche à identifier, étiqueter, classifier ;
  • une grammaire de production qui vise à fournir des outils liés à l'organisation des textes.

Pourtant ce sont bien les deux premières qui prévalent dans les manuels et pour le concours. Il est important d'aborder ces deux visions dans un esprit de "continuité" et non d'opposition.

Media: Récapitulatif des deux visions en grammaire.jpg

Le problème des unités

Les unités sont différentes selon que l'on se place en grammaire de texte (unité de base = texte) et la grammaire de phrase (unité de base = phrase).

La phrase

Elle est définie comme étant :

a/ Une unité graphique ou intonative. A l'écrit, elle commence par une majuscule et se termine par une ponctuation forte. A l'oral, contour intonatif (descendant dans les phrases déclaratives, ascendant dans certaines interrogatives).

b/ Une unité syntaxique : doit présenter une structure complète.

c/ Une unité sémantique : elle possède un sens complet.

Le critère a/ va devenir problématique quand on regarde des textes d'enfants. Le problème est qu'on glisse parfois du constat "il n'y a pas de phrase" au jugement "il n'y a pas de syntaxe". Pour mieux lire les textes d'enfants, il est préférable de disposer de la notion de phrase graphique qui est une unité objective définie sur un seul plan : une phrase graphique se termine par un point. Les enfants ne maîtrisent pas toujours la ponctuation, néanmoins, on peut les comprendre. Ces productions présentent donc une syntaxe satisfaisante.

Le critère b/ est parfois bousculé dans la presse ou la littérature. L'objectif étant de donner un rythme plus alerte aux textes produits (ex : "Et nous avions ri de nouveau. A peine. Sans conviction.") quitte à torture la notion de phrase. Dans de tels exemples, il faut généralement englober plusieurs phrases graphiques pour fabriquer une phrase syntaxiquement et sémantiquement acceptable.

Le critère c/ peut être délicat quand on lit des fictions...

Dans l'enseignement, il faut bien à un moment construire des critères avec les enfants et vérifier leur validité. On peut ensuite montrer qu'il y a une création verbale subversive.

Classement des phrases selon la nature de l'élément central

Le modèle le plus fréquent qui correspond à l'image de la phrase idéale est ce qu'on appelle une phrase verbale. Elle se compose d'un sujet, un verbe et éventuellement des compléments. Mais il existe d'autres sortes de phrases :

  • phrases adjectivales
  • phrases verbales
  • phrases nominales
  • phrases adverbiales

Media: exemples de phrases.jpg

Classement des phrases selon les types

Les programmes de 2002 insistent sur la distinction entre les divers types de phrases (déclarative, interrogative, exclamative) au cycle des apprentissages fondamentaux.

On utilise habituellement 4 types de phrases :

  • la phrase déclarative ou assertive : elle sert à énoncer un fait.
  • la phrase interrogative : utilisée pour formuler une question. Ponctuation spécifique et parfois ordre de mots original.
  • la phrase exclamative se termine par un point d'exclamation.
  • la phrase injonctive (ou impérative) sert à formuler un ordre. Elle se termine souvent par un point d'exclamation.

Classement selon les formes

Un autre principe s'appuie sur la notion de formes. On considère que toute phrase passe par un des 4 types vus précédemment. Ils correspondent à une attitude du locuteur, à un acte de langage très général.

Les formes possèdent une différence majeure avec les types : elles peuvent se combiner entre elles. On peut présenter les formes comme des couples, soit ne retenir qu'une seule forme (celle qui est marquée). Par ex. dans le couple négative/affirmative, on met la négative en premier car elle se distingue par un ajout de mot. Ex. : forme affirmative : je ne suis pas malade (forme affirmative/négative) / je suis malade (forme affirmative / positive).

Autre exemple de formes "marquées" :

  • forme emphatique (d'insistance) : "C'est toi qui est responsable." / forme neutre : "Tu es reponsable.".
  • forme impersonnelle : "Il existe des différences." / forme personnelle : "Des différences existent.".
  • forme passive : "La maison a été construite par le maçon." / forme active : "Le maçon a construit la maison.".

La notion de forme n'apparaît pas dans les Programmes. En 1995, apparaissaient les 4 types décrits ainsi que la forme affirmative et négative.

La proposition

Les programmes ne retiennent que la phrase et le groupe. D'autres unités sont pourtant utiles telles que la proposition. C'est une unité que l'on trouve dans beaucoup de travaux de linguistique. On la définit sur un critère précis : toute proposition contient un verbe conjugué.

Le nombre de propositions est à l'origine d'un nouveau classement des phrases. On appelle phrase simple une phrase qui comporte une seule proposition et phrase complexe une phrase qui comprend plusieurs propositions.

Il existe aussi un classement de propositions. Cela entraîne du côté des propositions subordonnées. On identifie ces propositions à partir de deux critères (leur élément introducteur et le groupe dont elles dépendent) :

  • L'élément introducteur : Media: introducteurs des subordonnées.jpg
  • La tête à laquelle se rattache la proposition : on peut avoir des propositions qui complètent un groupe nominal (proposition subordonnées relatives), d'autres qui sont rattachées à un verbe (propositions subordonnées complétives ou interrogatives).

Récapitulatif Fonctions et natures : Media: Tableau de synthèses des propositions.jpg

Celles qui ne sont pas des propositions subordonnées sont appelées propositions indépendantes (quand la phrase ne comporte pas de subordonnée) et principales (quand la phrase en comprend).

Le groupe

Un groupe est formé d'un mot ou de plusieurs mots et possède un élément "tête" qui donne son nom au groupe. C'est une unité importante notamment quand on s'intéresse aux fonctions (sujet, complément d'objet...). C'est le groupe qui occupe la fonction sujet ou complément, pas le mot. Suivant l'élément de tête (que l'on ne peut supprimer sans toucher au sens), on peut avoir des groupes adjectival (Gadj), adverbial (Gadv), nominal (GN), verbal (GV), prépositionnel (GV).

Pour découper la phrase (ou la proposition), on indique la nature du groupe ainsi que sa fonction. Deux approches existent :

  • la 1ère est inspirée d'un courant linguistique, le générativisme. Il propose un modèle de base à deux morceaux (GN et GV). Ce qui donne : "Il prend son repas" - "il" est GN et "prend son repas" est GV. Dans ce modèle le GN est forcément sujet car il précède le GV. L'accent est mis ici sur l'identification des unités.
  • la 2d est inspirée d'un grammairien français (Tesnière). Il propose de repérer d'abord le verbe puis les groupes qui dépendent de lui. "Il prend son repas" est donc analysé comme suit : verbe : "prend" / GN sujet : "il" / GN complément : "son repas".

L'une des différences importantes entre les 2 est la notion de GV.

Media: exemples d'analyse avec les deux approches.jpg

La notion de groupe dans les Programmes n'a pas un statut bien précis, ni bien établi. On ne parle que de GN et on le met en relation avec l'accord. Le GV a disparu de la version 2002 (il était présent dans les textes de 1995). Cela autorise donc les deux modes de découpage vus ci-dessus.

Le mot

Les programmes 2002 ne fournissent plus une classe de mots. Les termes déterminants ou prépositions ne s'y rencontrent pas. Mais cela n'a rien à voir avec les éléments à maîtriser pour le concours...

Différentes approches existent :

  • l'approche qui fait appel à une sémantique commune. Très utilisée dans les classes. Elle explique qu'un verbe est un mot qui dit ce que l'on fait et un nom, un mot qui désigne une personne, un animal, une chose. En fait, cela s'applique à des éléments réduits. Par ex., "personne, animal, chose" ne recouvre pas tous les noms. Idem pour la définition du verbe. Dans "il a réussi", on a un verbe ou deux ? Par ailleurs, il n'y a pas que des verbes d'action.
  • l'approche de type distributionnel. On ne donne plus le sens des noms ou des verbes, mais on indique dans quel environnement on les rencontre. Cette approche suppose que l'on travaille sur une classe d'unités, que l'on reformule, manipule la phrase fournie en restant proche des contextes originaux pour démontrer le classement.
  • l'approche de type morphologique : il s'agit d'établir une subdivision entre les mots qui possèdent plusieurs formes et ceux qui n'en ont qu'une. Son intérêt réside dans un lien possible avec l'orthographe.

Classement de formes :

  • pronom relatifs
  • nom
  • prépositions
  • conjonctions de subordination
  • pronoms personnels
  • adverbes
  • conjonctions de coordination
  • verbe