La place de l'oral à l'école (Piron83)

De CRPE

La place de l’oral à l’école

L’enseignement de l’oral

Le statut de l’oral

L’apprentissage de l’oral a toujours était fait de façon empirique (= par l’expérience) d’où un caractère inné, naturel. C’est pour cela qu’il est difficile d’en faire un objet d’apprentissage. L’oral est méconnu car il est souvent évalué en fonction de l’écrit, il n’est pas évident de l’individualiser et de l’analyser (pour ce faire, on peut utiliser un magnétophone ou une camera en classe). èDifficulté aussi due à l’interdisciplinarité

Le statut de l’oral est récent car il pose 2 problèmes :

1. Problème d’ordre linguistique : comment interpréter les différences entre l’oral et l’écrit ? Comment les gérer ? L’enfant maîtrise déjà l’oral en arrivant à l’école mais l’écrit ne possède pas les mêmes structures, les mêmes exigences…

2. Problème d’ordre didactique : comment traiter et enseigner l’oral ?


Il existe différentes conceptions d’enseignement de l’oral:

· Conception traditionnelle : l’oral est considéré comme négatif, moins légitime que l’écrit. L’écrit est plus structuré, valorisé par l’enseignant. L’oral s’étudie par des poésies, des dialogues de romans (= oral indirect)

· L’oral et l’écrit sont 2 domaines différents, 2 codes. L’enfant doit maîtriser ces 2 codes. Cette conception est liée au développement de la linguistique et de la phonologie dans les années ’70-‘80 Pour bien manier la langue écrite : on part de la langue orale et on va améliorer l’écrit grâce à cet oral (inversion totale) L’enseignant va insister sur les différences , les comparaisons des marques de l’écrit avec celles de l’oral (ex : les marques du pluriel sont redondantes à l’écrit mais inaudibles à l’oral)

· L’oral et l’écrit vont se différencier avec les différences de la situation d’énonciation. La communication est direct pour l’oral mais indirect pour l’écrit


Les recherches sur l’oral sont très récentes et les enseignants possèdent peu de recul par rapport à son apprentissage : comment l’évaluer ? Comment l’enseigner ?


Place de l’oral dans les programme de l’école

Les instructions officielles de 1972 évoquent pour la première fois l’importance de l’oral. Les programmes de 2002 donnent enfin un réel statut à l’oral, il s’insère dans la triade « le dire, le lire et l’écrit ».

5 des compétences exigées en fin de cycle 3 concernent l’oral : · reformuler dans ses propres mots une lecture entendue · participer à un débat · réciter au moins 10 textes (prose, poésie, théâtre…) · dire et proposer une interprétation d’un texte · mettre son corps et sa voix en jeux dans un contexte poétique, littéraire…


Les enjeux fondamentaux de l’oral pour l’enseignant :

1. Enjeu social : enjeu très important car il régit la future vie sociale de l’élève (ex : entretien d’embauche, concours…)

2. Travailler sur les normes : les compétences de communication ne s’apprennent pas dans un livre mais dans la vie de tous les jours. L’élève doit pouvoir s’adapter à chaque situation afin de maîtriser la langue et les différents registres de cette langue


Notions en jeu dans l’apprentissage de l’oral

Pratiques des enseignants

Il existe 2 sortes de situations :

1. L’enseignant travaille sur la norme : la construction du langage, les compétences linguistiques

Négatif : Dénué de sens pour l’élève (coupé de la réalité communicationnelle). Il ne faut pas que cela se traduise par d’ « absurdes moment de langage » selon Evelyne Charmeux. Il ne faut pas que cela soit vu comme quelque chose que le maître impose (Ex : parle moi de ton week-end…).

Positif : Situations importantes pour le développement de la structure de l’oral. Elles peuvent être mises en place par de situations ludiques, apprendre en s’amusant. - Poèmes, comptines : permettent le développement de la conscience phonologique, du corps - Le jeu du téléphone : inviter l’enfant à prendre en compte la précision du message pour le faire passer à un autre - Image cachée : faire des hypothèses - Jeu du portrait chinois (cycle 3) - Le télé-guidage « tu chauffes » : se laisser guider par un autre, il faut être le plus précis possible


2. L’enseignant travaille sur la fonctionnalité du langage : le langage n’est qu’un outil qui sert l’expression, mis en valeur dans la communication. L’enfant se retrouve ici au centre de l’apprentissage

è L’enfant est invité à s’exprimer pour exister = les compétences de communication précèdent les compétences linguistiques. C’est parce qu’on a besoin de communiquer que l’on doit acquérir des compétences linguistiques. Le problème se pose en classe car c’est généralement la compétence linguistique qui est favorisée.


Le rôle de l’enseignant

Le rôle de l’enseignant est important, il sert de référence, de modèle à l’enfant. Il l’aide à s’exprimer. Jérôme Bruner à individualiser différentes fonctions d’étayage de l’adulte (= aide pour l’enfant). Ces fonctions font parties des situations fonctionnelles du langage.

1. Fonction de maintient et de guidage de l’attention : destinée à recadrer l’enfant, travail sur l’adhésion vis-à-vis de l’attache Bien préciser les objectifs de départ Sollicitations ponctuelles et personnelles = aider à recentrer « maintient de l’orientation » 2. Fonction de finalisation : toujours bien cerner les objectifs, le but à atteindre En cours de l’activité : être emmené à modifier certains buts Au cours de l’échange : enseignant doit faire appel aux acquis Pour les enfants : apprendre à anticiper et prévoir les conséquences de leur parole 3. Fonction de prise en charge des éléments de la tâche hors de portée de l’enfant : à un moment donné, l’enfant rencontre un obstacle (=écrit) èdictée à l’adulte = aider l’enfant à faire ce qu’il ne peut pas encore faire (en maternelle) 4. Fonction de contrôle de la frustration : ne pas sanctionner l’erreur, « féliciter », corriger sans en avoir l’air 5. Fonction de démonstration ou de présentation de modèle : si difficultés pour l’élève, l’enseignant présente un modèle (lettre au Père Noël = approche pour montrer le déroulement d’une lettre) 6. Fonction de « feed back » ou évaluation : approbation, valider l’information de l’enfant Elle se fait aussi par le biais des autres enfants


En conclusion : L’enjeu pour l’enseignant est de réussir à concilier ces 2 aspects. Le langage est un outil de la communication mais aussi un outil pour penser. Ces 2 aspects ne peuvent être séparés du développement de la pensée. C’est grâce au langage que l’enfant va être capable de nommer le contexte réel (ce qui l’entoure).