Les dyspraxies et autres troubles (Freesette)

De CRPE

Qu'est-ce que la dyspraxie

Certains enfants éprouvent des troubles dans la réalisation des gestes moteurs et des mouvements. Il s'agit d'enfants d'intelligence normale, ayant une relative facilité dans le domaine du langage mais présentant des difficultés importantes sur le plan moteur et celui de l'organisation spatiale.

Les difficultés de coordination motrice sont très hétérogènes. On peut distinguer 2 approches correspondant à deux niveaux demandant une gestion cérébrale différente :

  • l'une s'intéresse aux mouvements dynamiques impliquant un déplacement qui renvoie au système perceptivo-moteur. Certains enfants sont incapables de réaliser ces gestes de façon coordonnée et sont atteints de troubles de l'acquisition de la coordination (TAC).
  • l'autre approche s'intéresse aux gestes organisationnels et culturellement appris comme construire une maison avec des cubes... Ils nécessitent des mouvements (yeux, mains, doigts...) avec contrôle et ajustement mais aussi un agencement, assemblage, organisation spatio-temporelle correspondant à une planification antérieurement stockée et à une exigence symbolique d'ordre culturel. Ces gestes sont appelés "praxies".

La dyspraxie est donc un trouble de la planification temporelle et spatiales des gestes volontaires et finalisés. Même si d'autres chercheurs regroupent l'ensemble de ces troubles, on étudie surtout ici la dyspraxie car elle touche particulièrement les apprentissages scolaires de l'écriture et du dessin.

Plusieurs sortes de dyspraxies

  • Dyspraxie idéatoire : gestes dans lesquels un outil intervient (ciseaux, crayons...)
  • Dyspraxie idéomotrice : difficulté à réaliser des gestes symboliques et des mimes (au revoir, chut !...)
  • Dyspraxie constructive : la plus fréquente. Concerne les activités d'assemblage comme dans les jeux avec des cubes, légos... Renvoie à des troubles de l'organisation spatiale.
  • Dyspraxie visuo-spatiale : associée à des troubles oculo-moteurs et des difficultés à repérer les différentes orientations. S'accompagne souvent d'une dyscalculie spatiale.
  • Dyspraxie orofaciale : perturbe les gestes simples ou complexes des organes de la phonation et du visage (langue, lèvre, mimiques).

A quoi est due la dyspraxie ?

Il y a des dyspraxies lésionnelles et des dyspraxies de développement.

Quels sont les signes prédicteurs d'une dyspraxie ?

Vif et intelligent, il aime parler avec les grands. Adore écouter les histoires. Mémoire excellente et sa capacité d'apprentissage efficace. Mais sa maladresse étonne l'entourage :

  • jeux : il n'aime pas jouer avec les cubes, puzzle, jeux de construction
  • vie quotidienne : difficultés pour couper la viande, éplucher un fruit, manger proprement
  • dessins : dessins spontanés pauvres et malhabiles et accusent un certain retard. Pas de rond vers 2 ans, la croix vers 3 ans...
  • graphisme : peut être affecté plus ou moins sévèrement. C'est le point crucial qui va influer sur la réussite scolaire. C'est généralement, le signe d'alerte. En MS ou GS, l'enfant n'arrive pas à écrire son prénom, beaucoup de mal à accéder à la cursive, la prise du crayon est très maladroite.

Des troubles associés : dysgraphie et dyscalculie

La dysgraphie est le trouble associé le plus souvent à la dyspraxie, mais il faut aussi compter avec la dyscalculie en cas de dyspraxie visuo-spatiale.

2 secteurs touchés :

  • Activités de dénombrement : le contrôle visuel est anarchique, certaines unités sont oubliées ou recomptées. Il ne peut pas compter sur ses doigts qu'il dissocie difficilement. En CE1-CE2, difficultés sur les 4 opérations car il s'agit d'appliquer des algorythmes spatiaux (aligner les unités, dizaines, centaines en colonnes...).
  • Géométrie : demande une représentation spatiale et des compétences graphiques. L'enfant ne peut même pas utiliser les instruments.

Certains peuvent aussi avoir des difficultés en lecture (texte long nécessitant une attention visuelle soutenue) et en orthographe liées à la difficile appréhension visuelle d'un mot. Ils écrivent souvent phonétiquement.

Comment dépister la dyspraxie et y remédier ?

C'est le médecin ou le psychologue qui fait le diagnostic. L'enfant doit passer des tests psychométriques. Les plus utilisés sont les échelles de Wechsler qui testent les facultés verbales (tests adaptés avant et après 6 ans) et non verbales (compétences praxiques/ spatiales). Un bilan en orthoptie pour explorer la vision et la perception visuelle et visuo-spatiale est nécessaire.

Que faire à la maternelle

  • Valoriser le langage de l'enfant toujours plus abouti que ses réalisations concrètes : le faire verbaliser sur un dessin, une production ;
  • Entraîner sa mémoire auditive, verbale et visuelle ;
  • Ne pas insister sur les jeux de construction et l'aider dans toutes les activités de découpage, pliage, collage... ;
  • Ne pas lui faire doubler une classe si ses capacités verbales et conceptuelles sont bonnes ;
  • L'apprentissage du clavier de l'ordinateur pour pallier les déficiences écrites dès la GS après des séances d'ergothérapie.

Que faire en primaire

  • Favoriser les apprentissages et les contrôles oraux. Pour l'orthographe, passer par l'épellation et la répétition orale ;
  • Ne pas donner un modèle, mais détailler oralement les différentes étapes de réalisation d'une tâche ;
  • Limiter l'écrit avec des exercices à trous et éviter tous les travaux de copie qui vont l'épuiser ;
  • Utilisation ordinateur ;
  • Ne pas l'obliger à écrire en écriture cursive ;
  • L'aider dans la gestion de son travail : un camarade peut l'aider à recopier les devoirs, préparer son cartable...

En cas de dyscalculie associée

  • En maternelle, on évite les dénombrements, mises en relation de collection avec des traits, utilisation de petits objets que l'enfant a des difficultés à manipuler. Il faut privilégier les comptines pour la suite de nombres, l'apprentissage par coeur de petites opérations de calcul mental, utilisation de constellations pour représenter la notion de quantité...
  • En primaire, la pause des opérations est difficile ou impossible. S'appuyer sur la file numérique pour visualiser en avançant ou en reculant les opérations d'ajout et de retrait, faire apprendre par coeur les tables, permettre l'usage de la calculette.