Programmer et conduire des apprentissages (Freesette)

De CRPE

Programme/Progression/Programmation/Progressivité

L'organisation des apprentissages est régie par les programmes nationaux, mais les enseignants ont une marge de manoeuvre appréciable. Décisions importantes sur le moment d'aborder les notions et sur le comment.

Notions

  • Programme : organisé autour de grandes composantes de l'enseignement du français. Il ne se préoccupe pas de l'ordre dans lequel ces activités sont menées.
  • Progression : élaborée par les enseignants en fonction de leur projet. Elle établit un ordre dans les apprentissages, un itinéraire et des étapes parmi les notions. Elle s'efforce de déterminer un enchaînement précis des séquences. Elle ménage entre les séquences des temps de synthèse qui permettent de dresser avec les élèves le bilan des acquis.
  • Programmation : elle se préoccupe de la distribution chronologique des séquences retenues dans le cadre de la progression et prend en compte le calendrier scolaire. La programmation ne peut s'établir qu'en fonction de la classe et de ses spécificités.

Les notions de progression et de programmation sont articulées entre elles. Pour le primaire, les programmes, en distribuant les compétences par cycle, esquissent déjà des progressions, mais c'est à l'enseignant de les élaborer avec précision.
La programmation ne peut s'établir qu'en fonction de la classe. Par contre, les principes de la progression peuvent s'élaborer et se préciser à priori, à partir d'une réflexion didactique sur les contenus et leur enchaînement. La logique interne du principe de progression est donc plutôt une logique d'enseignement et celle de la notion de programmation, plutôt d'apprentissage.

  • Progressivité : surtout utilisée pour les apprentissages de l'écrit. Correspond aux différentes phases programmées. Prise en compte de l'enfant dans sa singularité vis-à-vis des apprentissages. Cela nécessite une différenciation didactique.


Concevoir un programme

Cela met en jeu :

  • une conception des contenus
  • une conception de l'apprenant
  • une conception du rôle du maître
  • une conception de la pédagogie et de ses finalités : le programme engage une méthode, une démarche et au-delà une éthique.

Les modes d'organisation

Le projet d'écriture

Apport essentiel pour programmer les apprentissages. La question de la motivation est importante : les élèves peuvent s'investir dans les tâches proposées à condition d'en percevoir l'intérêt.

La notion de projet d'écriture a été élaborée et théorisée au sein de l'INRP. Media: Schéma projet écriture.jpg

Les activités décrochées indiquées sur le schéma sont des activités concernant les moyens linguistiques nécessaires à l'amélioration des textes (à partir des difficultés constatées).

Les points forts du projet

  • Engagement des élèves dans la tâche : le projet peut venir des élèves eux-mêmes. Dans tous les cas, ils sont consultés et leur avis est pris en compte. Pédagogie qui s'appuie sur la négociation.
  • La tâche est appréhendée dans sa complexité : l'élève est confronté à la totalité du processus d'écriture. Réflexion dans le processus de communication, enjeux de l'écriture, la mise en texte, la révision et la réécriture.
  • Guidage du maître : aide à distinguer les étapes du projet, conçoit les séances en conséquence : écrire un 1er jet, relire les textes produits, lire des textes à la recherche de solutions... La tâche est aussi facilitée du fait de modalités de travail diversifiées : écritures individuelles ou en groupes, séances orales collectives, planification de l'écriture, réflexion sur les enjeux, fabrication d'outils...
  • Interactions entre activités : celles du domaine de la langue et du langage, des champs "littérature" et "observation réfléchie de la langue".

Quelques choix significatifs pour programmer les apprentissages

  • Cloisonner/décloisonner : tendance à cloisonner en sous-disciplines (vocabulaire, orthographe, grammaire, conjugaison) peu ou pas articulées entre elles. Les approches innovantes depuis Freinet ont proposé le contraire. Inscription dans les programmes.
  • Interaction lecture-écriture : auparavant, il fallait apprendre à lire puis à écrire. De nombreux travaux ont montré combien des entrées par l'écriture à l'âge de la maternelle étaient favorables à une entrée active dans l'apprentissage de la lecture. Aux cycles 2 et 3, on sait maintenant qu'il est parfois préférable d'initier un apprentissage par une production d'écrit, plus génératrice d'un questionnement actif pour les élèves.
  • Prise en compte de la notion de compétence : savoirs, savoir-faire, savoir-être. Le dispositif traditionnel d'enseignement accorde la priorité aux savoirs de type déclaratifs : règles, principes, théorie. Or dans le cas des apprentissages fondamentaux, on y entre par la pratique.

Ex. Projet :

Manuels et programmation

Les points forts

Sont généralement rédigés par des professionnels qui croisent différentes compétences. Ils sont généralement au fait des exigences des programmes, directives ministérielles et bien informés sur les contenus à aborder.

Les points faibles

  • les manuels oeuvrent pour des élèves abstraits. Ils tiennent compte d'un niveau moyen. Ils ne peuvent réagir à l'imprévu.
  • les manuels réutilisent des supports divers, mais les sortent de leur contexte d'origine en en modifiant souvent le format et l'agencement.
  • les manuels se fondent sur une structure pédagogique invariable. Chaque leçon, chaque séance s'appuie sur des activités identiques. Peut fournir des repères aux élèves, mais aussi les ennuyer. Pas de logique de projet et pas de temps à la réaction libre.