La christianisation du monde gallo-romain (Freesette)

De CRPE

Sources

  • Sur Jésus : aucun écrit de sa main. Autres sources sont partielles et partiales. La plus ancienne est constituée de la correspondance (Les Epîtres) adressée par l'apôtre Paul aux 1ères communautés chrétiennes entre 50 et 65. Puis viennent les Evangiles : récits en langue grecque dont 4 (ceux de Matthieu, Marc, Luc, Jean) furent retenus par l'Eglise. Ils retracent des faits et gestes de Jésus. Le 1er récit, celui de Marc, date certainement de 70. Luc est aussi l'auteur des Actes des Apôtres qui relatent la constitution des premières communautés chrétiennes et la prédication de Paul. Peu de textes non chrétiens : Eusèbe de Césarée au IVème qui retranscrit un passage de Antiquités Juives de l'historien juif Julius Flavius Joseph (mort vers l'an 100).
  • Sur le christianisme en Gaule : Eusèbe de Césarée au IVème reproduit dans son Histoire ecclésiastique, une lettre de chrétiens adressée à leurs frères d'Asie et de Phrygie.


Chronologie

  • -37/-4 : Hérode, roi de Judée
  • Vers -6/-30 : vie de Jésus
  • -2 : la Judée devient province romaine
  • Vers 9 : naissance de Paul - Préication dans le monde non juif.
  • 70 : destruction du temple en Judée. Séparation claire Judaïsme / Christianisme
  • 177 : persécutions des chrétiens à Lyon, en Gaule.
  • 312 : conversion de l'empereur Constantin au christianisme.
  • 313 : Edit de Milan - Liberté de cultes
  • 314 : Concile d'Arles en Gaule.
  • 316-397 : vie de St Martin - "Apôtre" de la Gaule.
  • 325 : Concile de Nicée.
  • 381 : Concile de Constantinople.
  • 391 : sous l'empereur Théodose, le christianisme devient religion officielle de l'Empire.
  • 406 : les peuples germaniques franchissent le Rhin. Fin de la Gaule romaine.
  • 476 : disparition de l'Empire romain d'Occident.


Sur Wikipédia :

  • La Bible : [1]
  • Le Judaïsme : [2]
  • Le Christianisme : [3]
  • Jésus-Christ : [4]
  • Les Apôtres : [5]
  • L'Eglise catholique : [6]
  • L'Eglise orthodoxe : [7]


Origines et développement du Christianisme

Le Judaïsme

Selon la Bible, le monde fut créé en 6 jours par un dieu unique, Yahvé, qui après avoir créé l'homme et la femme, Adam & Eve, les chassa du paradis parce qu'ils avaient mangé le fruit défendu (péché originel).

La Bible raconte l'histoire des Hébreux depuis l'alliance conclue par Yahvé avec Abraham vers 1800 avant notre ère. Abraham aurait adopté la croyance en un dieu unique contre l'assurance d'être conduit avec son peuple, les Hébreux, vers la terre promise. Après une longue errance, ils se seraient installés dans le pays de Canaan (Palestine actuelle). Une partie aurait émigré vers l'Egypte où les Hébreux auraient été réduits à l'esclavage. Sous la direction de Moïse, vers 1200 avant notre ère, ils auraient alors quitté l'Egypte pour rejoindre la terre promise.

A partir de Moïse, l'histoire des Hébreux est moins conjecturale. Il est possible d'abandonner le conditionnel. Après de longues vicissitudes dans le Sinaï, les 12 tribus d'Israël finirent par se partager le pays de Canaan. Elles se regroupèrent vers 1040 sous l'autorité du roi Saül dont le successeur, David, fit la conquête de Jérusalem. Le fils de David, Salomon, construisit le 1er temple. Au fond de celui-ci se trouvait le sanctuaire, le Saint des Saints, où était conservé un coffre, l'Arche de l'Alliance, qui contenait les Tables de la Loi : pierres où étaient gravés les 10 commandements transmis par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï.

Au VIème s. avant J.C., les Hébreux connurent une déportation à Babylone après la prise de Jérusalem et la destruction du temple par Nabuchodonosor. C'est à partir de cet exil qu'on peut dater le monothéisme des Hébreux : écrits vers -540 de Deutéro-Isaïe (prophète mineur) le confirmant. Le temple est reconstruit en -516.

La Judée passe finalement sous contrôle romain au Ier s avant notre ère. Hérode, un protégé des Romains, en devint roi en -37. C'est sous son règne que se situe la naissance du Christ. En -2, la Judée devient province romaine dirigée par un procurateur.

La prédication de Jésus commence vers -27/-28. Elle a duré 2 ans. Aucun document écrit de sa main ne nous est parvenu.

L'histoire du christianisme s'inscrit d'emblée dans celle de l'Empire romain. Jésus est né dans une colonie romaine. Elle s'inscrit aussi dans l'histoire juive puisque Jésus, ses disciples et les apôtres étaient tous juifs. Entre le judaïsme et le christianisme, c'est l'histoire d'un divorce, la séparation des chrétiens de la communauté juive originelle. Cette rupture s'est progressivement opérée autour de Paul quand les premiers chrétiens, déçus par l'accueil du monde juif, décidèrent de se tourner vers les païens.

L'apôtre Paul joua un rôle majeur dans la diffusion de la foi chrétienne en dehors du monde juif. Il a sillonné la Méditerranée orientale, se rend à Rome peu avant 60. Il périt avec l'apôtre Pierre, qui l'avait précédé dans la capitale impériale, dans les persécutions ordonnées par Néron.


La séparation Judaïsme/Christianisme

Le christianisme (à l'origine, une des formes du judaïsme) se sépare clairement du judaïsme après la destruction du temple par les Romains en 70 : [8]. Contrairement aux autres Juifs, les chrétiens de Judée ne participèrent pas au soulèvement contre les Romains.

Les premières communautés chrétiennes se constituent progressivement sur les rives de la Méditerranée. Diffusion lente et modérée. Des persécutions ont lieu, moins nombreuses qu'on a pu le dire et pour des motifs surtout politiques (et non religieux) : le refus des chrétiens de participer au culte impérial était vécu comme une rupture de la concorde civique. Pendant près de 2 siècles, le christianisme est certainement resté à l'état de secte minoritaire dans l'Empire.

Aux IIIème-IVème s., il se répand partout, conséquence de la conversion de l'empereur Constantin en 312. Le Christianisme devient progressivement une religion d'Etat. Cette conversion suit de peu les terribles persécutions de Dioclétien (303-305). Elle donne à Constantin une légitimité politique nouvelle et complètement à part, au-dessus des autres.

En 313, l'Edit de Milan accorde aux chrétiens et à tous la faculté de suivre leur religion préférée. Avec la conversion de Constantin, les petites communautés croyantes du Ier s. donnent naissance à une Eglise officielle qui lia son sort à celui du pouvoir politique. La structure de l'Eglise se calqua sur celle de l'Empire, les diocèses dirigés par un évêque se superposant aux cités. L'Eglise y gagna en puissance, mais pas en indépendance : c'est Constantin qui réunit le Concile de Nicée en 325 (Cf. [9]). En 391, l'empereur Théodose va plus loin en proclamant le christianisme religion officielle de l'Empire romain. Il interdit toute manifestation du paganisme : persécution chrétienne des cultes païens.

Au Vème s., la papauté se met réellement à exister. Léon Ier prend le titre (440-461) prend le titre de Pontifex maximus abandonné par l'empereur. Il s'attribue le droit d'administrer l'ensemble de l'Eglise et il impose aux autres évêques de se soumettre à son autorité. Rome apparaît comme le centre de la chrétienté. Dogmes, hiérarchie sont fixés par de nombreux conciles. Le fonctionnement du clergé est établi pour longtemps. La christianisation progresse et l'Eglise est de plus en plus présente. Les ordres monastiques existants étendent leur domaine d'influence et de nouveaux ordres naissent avec de nouvelles règles. Le pélerinage devient pratique courante ; le contact avec les reliques devient essentiel.


En Gaule

Des cultes celtes aux cultes romains

Cf. la fiche : Les Celtes (Freesette)

L'emprise de Rome sur le plan spirituel (avant la conversion de Constantin) n'a pas été facile et complète en Gaule. En supprimant les druides et en organisant le culte de l'empereur associé à celui de Rome, le pouvoir central a pourtant voulu à l'époque la romanisation des âmes.

Le pouvoir a obtenu une adhésion officielle : dédicaces religieuses, statues, statuettes offertes aux divinités du panthéon gréco-romain le prouvent. Mais la persistance des divinités, croyances et rites celtiques ont aussi été réels.

Survivance de dieux et déesses indigènes : dieux-animaux (taureau à 3 cornes, serpent à tête de bélier et queue de poisson...), monstres mi-humains, mi-animaux (Cernunnos, dieu à ramures de cerfs...), cultes naturistes (montagnes, pierres, arbres, forêt, eau...). Eléments intéressants : les Gaulois ont tenté un effort d'assimilation aux divinités romaines, tout comme les Romains installés en Gaule assimilaient leurs dieux à ceux des Gaulois. Ainsi s'est produite une double interprétation : interprétation romaine des dieux indigènes, interprétation celtique des dieux gréco-romains. Jupiter-Taranis est le dieu céleste au foudre et à la roue, Mars-Albiorix est vénéré comme guérisseur et protecteur des voyageurs... Pour avoir su conserver sous une apparence romaine ses dieux et ses croyances, la religion des Gallo-Romains a réussi à maintenir aussi certains traits originaux dans son architecture sacrée (certains temples) et même dans ses rites.

Mais avec la déliquescence de l'Empire au Vème s. apparaît aussi l'effritement des cultes de Rome et d'Auguste ou des douze grands dieux. Ils ne signifient plus rien. Quant au paganisme, depuis Constantin, il se trouvait réduit à l'état de fossile. Le christianisme occupe seul le devant de la scène.

Rappel de cette christianisation :


Christianisation

Comme dans tout le bassin occidental de la Méditerranée, le christianisme pénétra en Gaule par les colonies grecques et syriennes qui, de Provence, s'installèrent à Lyon. L'Eglise de Lyon fut probablement fondée au IIème s.

Les premières Eglises de Gaule parlaient grec. Lyon, ville cosmopolite, comptait une importante colonie d'orientaux qui y importèrent le christianisme. En 177, sous Marc-Aurèle, les chrétiens furent victimes d'une sévère persécution. Quelques centaines de chrétiens, toutes catégories sociales confondues, se groupèrent autour de l'évêque Pothin (ex : Blandine). La persécution éclata de manière spontanée, sans être organisée par le pouvoir romain qui laissa faire. Origine : refus des chrétiens de s'associer au culte de Rome et d'Auguste. Les chrétiens apparurent alors comme des ennemis de l'Etat. Martyrs peu nombreux, mais extrême cruauté.

Au IIIème s., nous savons peu de choses sur la christianisation de la Gaule. La région ne comptait qu'une demi-douzaine d'évêques au milieu du siècle. Aucune trace de la présence chrétienne sur plus de la moitié du territoire. C'est à cette époque que St Denis, premier évêque de Paris aurait été décapité sur le mont des martyrs (Montmartre).

Le premier document à donner une image synthétique du christianisme en Gaule émane du Concile tenu à Arles en 314. 16 communautés chrétiennes sont attestées, pour la plupart à l'Est et dans la vallée du Rhône. Lyon et Vienne étaient les Eglises les plus nombreuses et les plus dynamiques. Seules quelques villes étaient touchées par la nouvelle religion, très peu les campagnes. Ces dernières rest��rent attachées aux cultes anciens, d'où le nom de païens (paysans : pagani / campagne : pagus). La foi chrétienne se propage sous sa forme orthodoxe et refuse l'arianisme (Cf. [10]) qui nie la Trinité. L'arianisme est définitivement vaincu en 381 au Concile de Constantinople.

L'apôtre de la Gaule fut reconnu comme étant St Martin (vers 316-397) même si l'évêque Hilaire, son contemporain, fut aussi un grand évangélisateur et fut celui qui attira Martin à Poitiers pour fonder l'abbaye de Ligugé. Biographie de St Martin écrite avant sa mort par Sulpice Sévère. Martin devient évêque de Tours en 370 et introduit l'érémitisme occidental en Gaule en fondant les abbayes de Ligugé en 360 et de Marmoutier en 372. Il évangélisa inlassablement les campagnes, détruisant temples et idoles. A la fin du VIème s., Grégoire de Tours fait de lui, dans son Histoire des Francs, l'évangélisateur de toute la Gaule. Pourtant, il est probable que les campagnes gauloises aient encore été largement païennes au début du Vème s.. Tombeau à Tours (construit entre 460 et 490) qui devint un lieu de pélérinage et attira les fidèles pendant tout le Moyen Âge.

L'Eglise gauloise est donc tardive. Elle ne s'installa solidement qu'aux IVème et Vème s.. C'est en effet entre 367 et 390 que le christianisme accomplit les plus grands progrès en Gaule : la très grande majorité des citadins fut baptisée, endoctrinée et organisée, l'administration supérieure entièrement prise en main, l'enseignement même fut gagné. Le tout avec douceur, sans heurts ni résistances déclarées. L'Eglise s'établit de manière autonome, hors du contrôle d'un pouvoir politique romain déliquescent. Ainsi se devine un trait prémédiéval : le passage à l'Eglise d'une élite qui renonce à servir l'Etat. Autre trait : la place croissante prise par les moines dans la communauté chrétienne.

Quand l'Empire d'occident s'effondre au Vème s., l'Eglise seule put garder quelque autorité sur la population et ses nouveaux maîtres, qu'elle s'efforça de christianiser. La plupart le sont déjà, sauf les Francs.

Les Eglises de la Gaule au IVème s. : Fichier:Eglises Gaule IVè s.jpg


Ce qu'il faut vraiment retenir

  • Les facteurs politiques qui ont fait du christianisme la religion dominante / les liens entre une religion et un Etat.
  • L'organisation progressive de l'Eglise chrétienne, son administration, sa hiérarchie.
  • La capacité de l'Eglise à survivre à l'effondrement de l'Empire romain d'Occident.
  • Le formidable développement du christianisme en Gaule, préfigurant son influence prépondérante au Moyen Âge.
  • Passage du polythéisme au monothéisme.


Enjeux apprentissage (approche personnelle)

  • Le syncrétisme (cultes celtes, romains...)
  • Comment passe-t-on d'une secte à une religion dominante... Ex. du christianisme...
  • Imbriquation des religions monothéistes